GALS ROCK
Pas besoin de chercher un lieu de rendez vous pour rencontrer les Gals Rock, il suffit d’aller jusqu’à leur boutique à Pigalle. On y est toujours très bien accueilli et le lieu est très chaleureux ! Je retrouve Clémence et Pauline pour une interview comptoir…de caisse !
Présentez nous l’univers Gals rock ?
Pauline : Gals rock c’est un lieu dédié à la culture rock féminine. Nous ne sommes pas que disquaires, même si c’est le coeur du projet, on trouve chez gals rock des objets, des fringues, des accessoires...
Clémence : ... des magazines, des livres … tout un univers autour de la culture rock féminine.
P : Nous sommes une boutique à Pigalle dans le 9ème, on a ouvert il y a deux ans et demi, on est deux, Pauline et Clémence, et on tient le choc, on tient bon, on s’accroche ! Il faut venir dans le 9ème, à Pigalle, c’est vraiment un quartier où il est en train de se passer des tonnes de trucs, ça paraît peut être le bout du monde pour certains, pour certaines, mais c’est vraiment un quartier ancré dans une dynamique musicale, avec ses salles de concerts, des bars sympas.
Et alors, vous organisez des événements ?
P : Oui on organise plein d’événements autour de la musique, trois ou quatre fois par mois. Ce sont des shows case, donc des minis concerts qui ont lieu dans notre petite boutique. Bientôt on cassera les murs mais pour l’instant on se serre, on se colle ! Et on reçoit les groupes qu’on a envie de mettre en avant, de soutenir et puis quand on se dit que ça va être trop petit ou que la musique va être trop forte, on organise des soirées en dehors de la boutique dans des salles comme l’Internationale, la Flèche d’or, où là on peut vraiment laisser les groupes s’exprimer tels qu’ils l’entendent.
Autour de quoi organisez vous vos show case ?
C : C’est plus autour des sorties d’album, et aussi quand il y a des livres qui sortent, les événements sont pas forcément que musicaux, ça peut être des événements en lien avec la signature d’un bouquin. On reçoit les auteurs pour des rencontres, Lydia Lunch, Ann Scott... On ouvre nos portes à l’artiste et à son public.
Ce sont des sortes de partenariats ?
C : Non, c ’est nous qui lançons l’initiative mais on a de plus en plus de demandes d’artistes, il y a des groupes qui commencent à nous demander ou qui nous redemandent. Le 15 juin par exemple il y a eu Terreur bird, ils étaient venus l’année dernière et là ils repassaient à paris et ils nous ont demandé de revenir. Comme ça s’était super bien passé la dernière fois et qu’on adore ce qu’ils font, on est pas contre qu’il y ait des récurrences avec certains artistes.
Est ce qu’en général les groupes acceptent tout de suite quand vous leur proposez de venir jouer dans une boutique ?
P : Pas forcément, on s’est aussi pris des gros vents ! Il y en a qui disent oui et qui annulent au dernier moment, il y en a qui disent non parce que leur musique n’est pas adaptée à ce type d’endroit, mais bon on a quand même réussi à s’équiper avec un peu de matos, donc que ce soit electro ou rock un peu énervé, on est capables de leur ouvrir nos portes aussi. Et c’est gratuit ! L’idée c’est de venir découvrir un artiste, et éventuellement acheter son album, son livre, en vente à la boutique.
En tant que filles ouvrant une boutique dédiée à la culture rock féminine, comment avez vous été accueillies dans le quartier ?
C : On a été surprises parce qu’on a une grosse clientèle de quartier, et dans cette clientèle il y a beaucoup de mecs alors qu’on pensait avoir beaucoup de nanas. Au contraire, que ça soit pour acheter des fringues ou de la musique, les trois quarts de notre clientèle c’est des mecs.
P : Au tout début on a eu quelques remarques, certains mecs essayaient de comprendre le fil directeur et dès qu’on leur annonçait la couleur ils se sentaient tout de suite exclus du truc. On présente la création au féminin mais les filles qui créent s’adressent à tout le monde. Donc on a été vraiment bien reçues dans le quartier, on draine une clientèle assez large, autant de bobos du quartier avec leurs enfants que des lesbiennes qui rentrent ici par hasard et qui se disent : ok ça le fait ! .
C : Par contre on a de plus en plus de mecs qui passent à la boutique et qui veulent nous laisser leur disque, et qui comprennent pourquoi on ne veut pas le prendre !
P : On leur répond que ça ne veut pas dire qu’on ne va jamais voir des groupes de mecs en concert ou qu’on écoute pas Joy Division... C’est juste que nous, on a eu envie de faire ce focus sur la culture rock féminine, mais c’est pas du tout excluant.
C : En même temps un mec qui fait du rock n’irait pas non plus dans une boutique de jazz pour présenter sa musique ! Puisqu’on est sur un projet qui concerne uniquement les femmes, au delà de l’artistique, il y a le politique qui rentre en jeu.
Quel est votre meilleur souvenir de show case ?
C : Ca va être dur, j’ai compté la dernière fois on en a fait plus de cinquante !
P : Le jour où vraiment j’ai été émue c’est quand on a reçu Electrelane, même si elles ont pas joué, juste le fait de passer une après midi avec ce groupe dans nos locaux, l’impression qu’elles étaient chez elles, qu’elles étaient bien, il y a eu une espèce de communion, un échange unique ce jour là. Les gens faisaient la queue dehors avec leur vinyl pour une dédicace, de manière hyper respectueuse, il y avait du thé, du café, c’était super convivial.
C : Moi j’en ai trois en tête. Je pensais à Chris Pureka parce que personne ne connaissait et les gens se sont vraiment pris une claque sur place. Il y a aussi Rebekka Karijord, on aimait bien ce qu’elle faisait mais on s’est aussi pris une grosse claque. J’ai d’ailleurs une pote qui est arrivée en retard ce jour là, après deux, trois chansons, elle va s’assoir et au bout de trente secondes je la regarde, elle était en larmes ! Et aussi The Asteroids Galaxy.
Et qui est ce que vous rêveriez d’inviter pour un petit show case à la boutique ?
C : Scout Niblett !
P : Ca avait failli se faire un jour. Elle avait accepté et puis ensuite son manager nous avait recontactées pour nous dire que c’était la fin de sa tournée et qu’elle allait être trop fatiguée donc ils avaient annulé. On ne sait pas si c’est la vraie raison ou si entre temps elle avait plus envie de venir.
C : Mais on l’admire tellement, et elle est en même temps très barrée, donc on sait pas au final si on a envie qu’elle vienne parce que si elle a pas vraiment envie de venir on ne voudrait pas être déçues.
Vous serez avec nous pour la soirée de gay pride au Gibus, qu’est ce que ça représente pour vous ?
C : Nous qui avons l’habitude de systématiquement travailler le jour de la gaypride, on trouve ça hyper chouette de compter parmi les collectifs de filles prenant part à cette soirée fédératrice.