DYKE AIR
C’est le premier vrai jour de soleil à Paris et j’ai rendez vous avec les Dyke Air sur une terrasse derrière Chatelêt. Lunettes de soleil et demi bien frais, il fait chaud. On pourrait rester là pendant des heures..
Qui etes vous ?
Crashtest : On est 2. Fox de Bergerac et moi, Crashtest.
Comment cette soirée a t-elle vu le jour ?
Fox De Bergerac : Les souffleurs c’était un peu le lieu ou y avait les soirées et il n’y avait plus de soirées gouines, on s’est rencontrées et j’ai proposé à Elise de monter une soirée.
C : J’y avais déjà organisé des soirées il y a très longtemps, genre en 2005.
Ensuite on a une pote en commun, Cécile, qui organisait à l’époque les soirées ’Ice Crème’, et la soirée s’est arrêtée.
F : J’ai mixé une fois pour les ’Ices Crème’ et du coup, je suis allée voir Edouardo, qui tient les souffleurs, pour lui proposer de faire quelque chose. On avait envie de changer le paysage de la sortie gouine à Paris. Oser passer des morceaux en soirée comme Britney ou je ne sais quoi, qu’on n’entendait pas forcément dans les soirées de filles quand on a commencé.
C : Au départ, on a fait une boum quoi ! Et ça fait 2 ans maintenant !! Bientôt 2 ans et demi.
Comment avez vous choisi le nom de votre soirée ?
F : Des brainstorming évidemment. Je me rappelle on avait pris le journal ’20 minutes’ et c’était le jour de la sortie du dessin animé « mission G », le truc avec des cochons d’inde. Il y avait un article avec un jeu de mots tout pourri genre, « Mission G, de l’action avec du poil autour », et on a failli partir sur un nom jouant avec ça, et puis finalement on s’est mises d’accord sur Dyke Air.
C : A la base c’était une Joke, par rapport au baskets (Nike Air)
Si on devait traduire Dyke Air, ça donnerait quoi ?
C : Peut être les Gouines de l’air, quelque chose de japonisant.
F : J’aime bien les gouines de l’espace !
C : Ou alors une vieille tribu indienne du fin fond de l’Amérique du nord, qui a été ravagée par le colonialisme blanc, et qui aurait une sorte de personnage de déesse, qui serait une « dyke air » !
La Dyke Air a-t-elle des critères de sélection concernant les Dj invités à jouer ?
C : Il n’y a pas de sélection pure, nous n’avons pas de budget assez conséquent pour programmer des gens avec des prétentions, donc on va chercher nos potes qui mixent, ou pas d’ailleurs ! Ça nous est arrivé de faire jouer des gens qui n’étaient jamais passés derrière les platines et ça s’est super bien passé, c’était marrant ! Et on continuera de le faire. C’est un peu, qui veut mixer, peut mixer. Si à la fin d’une soirée une fille nous demande si elle peut passer des disques, je pense qu’on dira oui.
Quel est le rôle de chacune au sein de votre collectif ?
F : On fait tout à 2 mais c’est Crashtest qui fait tout !
C : Non c’est pas vraiment vrai. Comme ça m’amuse de faire les flyers, c’est moi qui fait les flyers, et donc dans la foulée je crée les évènements via Facebook. Après niveau comm’, on se répartie le boulot pour faire circuler l’info. On est pas très très portées sur la comm non plus..
F : ...en même temps on ne peut pas mettre beaucoup plus de monde qu’il n’y a déjà dans la cave des souffleurs !
Justement Les souffleurs, c’est le bar avec le dancefloor le plus petit du monde, et vos soirées sont du coup super collées serrées. Est ce que vous avez déjà pensé à trouver un autre lieu ?
C : C’est justement parce qu’on est collé serré qu’on reste là bas !!
F : A la deuxième Dyke Air, les filles se sont carrément mises torse nue, du coup on espère toujours que ça va arriver de nouveau !
C : et puis on aime bien l’ambiance du lieu, l’équipe qui y bosse et la clientèle. On a eu quelques contacts pour d’autres bars mais les propositions n’étaient pas aussi bien qu’ici alors autant rester là, on est un peu comme en famille !
Qu’est ce que vous pensez qu’il manque dans les soirées filles ?
C : Je crois que c’est plus une question d’alchimie. Une soirée qui va être organisée par un même collectif, la première va être super bien, la deuxième va être moyenne, la troisième cham-mé et la quatrième pas terrible. Comme ça peut arriver aux nôtres aussi. Une soirée, c’est aussi le public, l’humeur des Djs et ce que tu vas te donner le moyen de passer à ce moment là. Les soirées qui sont un peu plus de l’establishment où tu vas, parce que c’est la soirée ou il faut aller, parce que tout le milieu parisien sera là et dans laquelle le son sera tellement pointu, que si tu n’es pas née à Berlin en 1978 et que tu n’y a pas vécu entre 1995 et 96, tu ne connais pas, moi ça m’emmerde. Du coup j’ai arrêté d’y aller, même si je comprends qu’on puisse avoir de l’affection, de l’amour, voir de l’aveuglement pour ce genre de musique, il y en a d’ailleurs qui m’intéresse, mais je préfère personnellement aller dans des soirées où je me marre.
F : Un public plus poli sur le Dancefloor.
Et alors votre meilleur « Dyke air souvenir » ?
F : La fameuse soirée où les filles ont retiré leur t shirt, ça dansait vraiment bien et il y avait une super ambiance.
C : La soirée de nos 2 ans aussi, on avait fait un décor avec des ballons gonflés partout et des guirlandes, il y avait un monde dingue et les ballons n’ont pas tenu longtemps, comme prévu !
On va faire une soirée ensemble le 29 juin pour le week-end de la Gay Pride. Que représente pour vous la marche des fiertés ?
C : C’est politique et c’est compliqué.
F : Je ne suis plus allée marcher pour la gay pride depuis 2 ans parce que je travaille.
C : L’existence de la marche est importante, après la façon dont ça a été récupéré, détourné aux profits d’enseignes commerciales diverses et variées, voir avariées, c’est pas ce que je trouve de plus intéressant et glorifiant pour les mouvements LGBT. Le fait que la marche existe est importante donc je m’y rends tous les ans en me faisant un peu violence. Mais je pense que c’est important de continuer d’y aller.
F : Outre le fait que c’est sympathique de faire la fête dans la rue à paris, et il y a peu d’espaces où c’est possible, il y a quand même un côté militant qui est important. Après il faut bien choisir le char derrière lequel on défile. On peut aussi défiler avec des associations..les panthères roses par exemple.
La prochaine Dyke Air ?
C : Le 9 juin. On profite de l’arrivée d’un nouveau collectif parisien « minou minou » pour inviter Vonette, qu’on connait depuis un bout de temps et qui est une pote. Ce qui permet de faire parler de leur collectif et de ramener aussi un public qui les connaissent elles mais qui ne connaissent pas forcément nos soirées.
F : Nous lançons d’ailleurs un appel à toutes les filles qui voudraient retirer leur t shirt !