BAMBAATAA
Qui êtes vous ?
Raph : Je suis Dj Monique, il y a Madame Monsieur et Cécile alias Les Bûcherons ! On est organisé en collectif depuis janvier, nottre première soirée était en janvier dernier. On s’est rencontré, notamment avec Cécile, en faisant de la politique, mais surtout en passant du son au UEEH (Universités d’Eté Euroméditerranéennes des Homosexualités). On parlait depuis longtemps d’organiser une soirée sur Paris pour se faire plaisir et donc on a lancé le projet. On avait demandé à Madame Monsieur de nous filer un coup de main parce qu’on adore ce qu’elle fait, et ça s’est tellement bien passé qu’on lui a demandé de rejoindre le crew ! On organise cette soirée au Clin’s, qui est un bar à Place des Fêtes (19ème), parce qu’on aime notre quartier, nos quartiers. Il y a les Pds à Gambetta, les gouines à Belleville, et on dit les Trans à Place des Fêtes ! On se rend compte que Paris c’est de plus en plus dur, surtout pour faire la fête, que les bars dans le centre de Paris qui sont des quartiers historiquement LGBT sont trop chers, qu’on ne peut pas faire de bruit, ça se finit trop tôt..
Madame Monsieur : ..c’est tellement gentrifié que c’est impossible de déborder quoique ce soit dans ces quartiers, donc c’était bien d’aller dans un autre quartier. Le Clin’s accueille toutes sortes de gens. C’est pas forcément un lieu propre LGBT !
R : Mais quand même connoté LGBT, parce que c’est le bar de Val qui a bossé un temps au Pulp et au Rosa Bonheur, et il y a Léo aussi qui fait partie de la clique qui nous a aidé à monter la soirée.
Quel est l’origine de votre nom, Bambaataa ?
R : Bambaataa, ça vient directement de Africa Bambaataa, qui est un rappeur, Kevin Donovan, membre d’un gang New Yorkais , les Black Spades. Après un voyage en Afrique et après avoir perdu certains de ses amis dans des règlement de compte, il s’est rendu compte qu’il n’aiderait pas sa communauté de classe ouvrière, gens de couleur africains américains en continuant sur la voie des gangs. Il a donc monté la African zoulou nation, qui est un énorme collectif international de Hip Hop Peace and Unity, qui développe une culture hip hop sur l’idée de communauté, de prendre soin de la communauté. On s’est retrouvé autour de cette musique avec Cécile.
Mm : Je suis heureuse de faire partie de ce crew parce que ça me ramène à mes premières amours ! Quand j’étais jeune, mes copains écoutaient Police et U2, et moi je les emmerdais et j’écoutais LL COOL J, Public Enemy..Je me suis toujours reconnue dans cette musique là, malgré le fait que je sois riche et blanche, ça continue de me faire vibrer. Cette musique représente la révolution et le poing levé contre l’oppresseur, et encore aujourd’hui. Même si le rap est transformé en quelque chose d’assez moche. Il y a aussi le disco, qu’on passe pas mal, qui est une musique qui parle du corps, qui exulte la joie, et c’est important la joie.
R : Pour revenir à Africa Bambaataa, c’est intéressant parce que lui tire son nom d’un chef zoulou qui lutte contre la colonisation Britanique et Hollandaise en Afrique du Sud fin 19ème siècle, et qui est une des seule tribu qui a réussi à conserver son territoire et une identité propre. On a trouvé que ça résonnait bien avec ce qu’on passait : hip hop, soul, r’n’b, funk, disco, raeggae, bounce, ragga, booty ! Et que ça avait une identité forte. C’est ça qu’on voulait, une célébration de la diversité. On n’entend pas ça à Paris dans les soirées LGBT.
Comment vous vous organisez au sein du collectif ?
Mm : c’est complètement autogéré !
R : On se connait parce qu’on est militantEs donc on passe beaucoup de temps ensemble, on a du coup le temps d’en parler. C’est Rikita Piole qui fait toute la conception graphique.
Mm : Et c’est Bûcheron qui fait le promo Facebook !
Quels sont vos projets ?
R : L’amnesia, Le Pacha...Ibiza-Miami-Marrakech !
Mm : Bercy !!! Non l’idée, c’est d’avoir du fun entre nous, de se retrouver parce qu’on a tous des vies agitées. Se retrouver dans une ambiance familiale. Et puis se faire connaître pour peut-être aller dans d’autres endroits plus grands où de nombreuses personnes pourraient bénéficier de notre culture musicale..
R : ..de qualité !! Il y a avait une ambition aussi, c’était la mixité, c’est important pour nous.
Les Bûcherons : Oui c’est important. Il n’y a plus trop ce truc là à Paris. Il y a tantôt les soirées lesbiennes, plein d’ailleurs c’est super excitant et la scène gay...que je ne connais pas trop. J’ai besoin des Pds, des gouines, des trans, et je trouve ça bien qu’on arrive à fonctionner dans cette mixité.
Comment se déroule vos soirées ?
Mm : Bucheron attaque toujours au début, avec rythmes lents mais quand même martiaux et primitifs..
LB : non c’est pas vrai ! J’aime les jolies choses, les belles mélodies, les beaux textes..
Mm : Après je passe des trucs un peu plus dansant et en général je chauffe la place pour que Raph puisse mettre Azelia Banks quand il démarre !!
Citez nous un morceau chacun de votre playlist respective.
Mm : Donna Summer « Our love », dans cette chanson il y a la rythmique de New Order ça défonce !
R : Larusso « tu m’oublieras », SOS Band « Do it tonight », Azelia Bank !
LB : Moi j’aime bien les vieilles diva noires mortes ! Marlena Shaw, Nina Simone.
Que représente pour vous la Gay Pride, la marche des fiertés ?
Mm : Déjà, en se servant de« gay pride » dans un texte ou autre, on s’expose à des poursuites parce que c’est un nom déposé..
R : ..et ça exclut les trans, les bi...marches des fiertés LGBT, ça me va.
Mm : Malgré le cynisme et le côté blasé qu’on peut entendre chez certaines personnes, et pour répondre à tous ceux qui pensent, comme Sarkozy, que c’est un carnaval dégradant pour l’image de l’homosexualité, c’est un défilé qui a quand même du sens. Si on dit qu’il a perdu son sens, c’est aussi qu’on l’a laissé faire. Et c’est important de réinvestir l’espace public pour le dire. Là, peut être qu’il va y avoir certains droits mais il ne faudra pas oublier les copains trans ! Ça a donc encore du sens. C’est d’ailleurs pour ça que je me suis investi dans le collectif « gouine comme un camion » cette année, parce qu’il n’y a pas de visibilité lesbienne et qu’il faut reprendre l’espace et dire qu’il a bien fallu qu’il y ait des gens qui se mette des plumes dans le cul pour que les choses avancent.
R : La marche rentre vraiment dans une tradition de lutte sociale, elle ne vient pas de nulle part, on se souvient de Stonewall, on se souvient des émeutes de San Fransisco à la mort de Harvey Milk, du F.A.R., des gouines rouges, et je sais que ce sont des mouvements qui découlent d’autres luttes, des luttes féministes, notamment aux Etats Unis, les Civil Rights Movement. C’est pour ça que c’est important quand on parle de communauté, on parle de convergences des communautés aussi. Je crois que la marche est un instant qui est hyper politique, d’identité, de communauté. Alors bien sur il a été récupéré commercialement mais ce que j’en ai fait de mon côté depuis ces 5 dernières années, c’est célébrer nos histoires, nos identités, nos amantes, nos amoureuses, nos amies, nos mortes, nos ainées. Tout ce qu’on a aujourd’hui, on l’a parce qu’on s’est battu, on ne nous a jamais rien donné. C’est très important d’aller marcher.
Mm : Si on suit les idées de la droite, pour être un Pd respectable, il ne faut pas se montrer ce jour là.
LB : De toute façon, avec tous les défauts de la marche, la marche a des valeurs. Même si c’est chiant de voir tous les chars commerciaux et Renault qui vend des bagnoles, il y a malgré tout un message politique et il faut pas oublier que c’est un moment où on a une force terrible, vivante. Il y a toujours cet effet là sur moi à la marche, qui fait que tu arrives et tu dis « waaaa », il y a tout ça de pds et de gouines ! On n’est alors plus dans la minorité. Cette prise de pouvoir, c’est extrêmement fort. On peut adresser toutes les critiques valides à la marche, et je comprends les gens qui ne veulent pas marcher, mais ça a toujours été ça à minima.
BAMBAATAA SUR FACEBOOK
La BAMBAATAA fera le lancement de la gay-pride au Clin’s vendredi 29 juin, en before de la GRRRLFRIENDS. Vous pourrez aussi les apprécier sur scène au Gibus plus tard dans la soirée !