Après divers recherches sur le web (il n’y a rien sur le site de MK2), il s’agit d’oeuvres qui sont en lice dans le cadre du concours "Paroles Photographiques". Les prises de vues sont quelquefois dérangeantes (corps mutilés) et on peut se demander pourquoi ne pas faire un peu plus de com’ envers les pauvres pékins lambda comme nous, qui devons reculer l’heure de la séance pour lire le chiche A4 qui présente chacun des photographes. Un reportage sur les albinos en Tanzanie ; un autre sur les enfants des favelas d’un pays de l’amérique du sud ; un autre sur les tournages pornos dans un pays de l’est et au milieu : Androgyne de Thibault Stipal.
"L’androgyne par définition est un être humain dont l’apparence ne permet pas de savoir à quel sexe il appartient. Le terme est aussi revendiqué par certaines personnes qui ont une identité ni tout à fait féminine ni tout à fait masculine, quelle que soit leur apparence physique. Il fascine philosophes, écrivains et sociologues depuis l’Antiquité.
Les gens ont tendance à assimiler à l’androgynie des tendances homosexuelles et transsexuelles alors que sa définition ne comporte pourtant aucun de ces critères.
L’androgyne est fascinant parce qu’il dérange, il attire certains mais repousse d’autres. J’ai abordé mes modèles dans la rue, dans les lieux publics, rencontres de hasard. Ils troublaient le regard. Rien d’extraordinaire. Des gens presque normaux. Une infime singularité, léger bousculement des codes sociaux en vigueur. Leurs visages et leurs corps ouvraient la possibilité d’une confusion des genres. Attirance ou répulsion personne n’y est insensible.
(...) A mes yeux, l’étrangeté de l’androgyne le rend beau.
J’aime à penser que l’androgyne est un être fort. Fort car il se heurte depuis toujours aux regards et aux dires des autres comme une personne à l’apparence ambiguë. Les personnes photographiées sont en accord avec leur apparence, elles ont le pouvoir de plaire à qui elles veulent et de déstabiliser les autres. Leur simple existence provoque. Assumée, cette ambiguïté devient une merveilleuse force de la nature.
L’androgyne est aussi pour moi fort de sa double sensibilité, l’homme assume sans complexe sa féminité et la femme sa masculinité. J’imagine qu’arrivera le jour où l’on ne fera plus la différence entre les hommes et les femmes, où il y aura seulement d’ineffables attirances. Lui serait-il avant-gardiste de cette modernité du genre ?
Les hommes et les femmes que j’ai photographiés ont aimé le fantasme que j’ai projeté sur eux. J’ai aimé la réalité qu’ils m’offraient."
On pensera ce qu’on voudra de l’entreprise de Stipal Thibault, et surtout de son texte. "Androgyne" est à mes oreilles, un mot qui se réfère à divers domaines pseudo religieux (l’androgyne parfait de l’Incal de Moebius ou Ananda, le compagnon du Bouddha représenté sous des traits androgynes- et qui a plaidé la cause des femmes auprès du Bouddha) ou à une mode datant des années 80 (avec les épaulettes et le khôl pour les hommes > voir Adam and the Ants), autant dire une appellation obsolète et douteuse.
Quelle ne fut donc pas ma surprise de constater qu’il y avait là beaucoup de visages connus ! Pour les perspicaces, vous pouvez vous amuser à faire le lien entre le diaporama de cette expo et la dernière FFF...
VOIR LE DIAPORAMA > concours
L’expo se situe au sous-sol du cinéma MK2 Bibliothèque...Certaines photos se trouvant ici ou là ne se trouvent pas là-bas...