Court extrait du 20ème chapitre de "L’ETERNITE DE L’INSTANT" de ZOE VALDES. Paru récemment chez NFR de Gallimard. 19,50€ dans toutes bonnes librairies.
"Paulina Montes de Oca promena ses doigts sur le buste étroit de Won Sin Fon, sa main descendit jusqu’au pubis mouillé. Elle le tâta ; Paulina soupira, sur la pointe des pieds.
- Sais-tu comment les Français appellent le sexe féminin ? demanda-t-elle, le regard chaviré, fondant de plaisir.
- Bien sûr que je le sais, murmura, vaniteuse, la Chinoise. Ils l’appellent la chatte.
- N’est-ce pas mignon, et délicat avec ça, d’appeler "chatte" la papaye ?
Paulina Montes de Oca pouvait être trés vulgaire quand elle le proposait.
La Chinoise acquiesça tandis que Pauline s’asseyait sur un coussin par terre, devant les jambes écartées de Won Sin Fon. Sa bouche tout près du clitoris. Elle donna un premier coup de langue, l’autre gémit en extase.
- Qu’est-ce qui t’a fait penser que je pouvais être patriote ? demanda Paulina Montes de Oca, entre léchette et sucette de la vulve.
- Ignores-tu, peut-être, qui est José Bo ? dit Won Sin Fon en prenant l’air contrarié.
- Non, ma chère, je ne l’ignore pas, ah ! que c’est bon, fit-elle en savourant ses humeurs. José Bu Tah, un des héros de la guerre d’indépendance. Maximo Gomez le nomma commandant et fut sur le point d’en faire le président de ce pays inconscient. On dit qu’il changea, et devra continuer à changer, pour cela, la constitution. C’est sans aucun doute un chinois illustre. Buvons à sa santé.(...)
Paulina revint avec deux coupes qu’elle avait prises sur un étroit rebord qui servait de bar, elle les remplit de champagne, et trinqua avec Won Sin Fon, qui vida son verre et tout aussitôt tendit ses lèvres écumeuses à Paulina.
- Pourquoi ne viens-tu pas vivre avec moi ? fit Paulina dans son désir possessif.
- Ne crains-tu pas le qu’en-dira-t-on dans ton milieu ? Vous êtes tellement comméreux et ragoteurs que je ne veux pas d’emmerdes, fit la Chinoise.
- Avec moi tu ne crains rien ni personne, et les critiques je m’assois dessus. Les gens sont jaloux, je le sais bien. On ne peut rien faire contre ça, si ce n’est vivre et laisser dire.
- Et Lou Tang ? Où le mettrait-on ? fit-elle en se grattant le cou gracieusement.
- S’il le voulait, il pourrait nous rendre visite chaque nuit. Je possède un appartement tout près de la résidence. On le cacherait, personne ne serait au courant.
Paulina émue, mordait les mamelons libérés du corsage.
- Lou Tang est non seulement trés possessif, mais il est aussi trés libre. Il supportera mal l’enfermement, il se sentira prisonnier, on le perdrait, prophétisa Won Sin Fon.
- Alors qu’il choisisse, lui, selon ses goûts et convenances : vivre à plein temps avec toi et avec moi, ou nous tenir compagnie de temps en temps.
- Et entre toi et moi, qui préferera-t-il, d’après toi ? fit la Chinoise en allumant une cigarette.
- On le rendra fou avec des élixirs et des envoûtements. Il sera à nous, pour toute la vie, dit Paulina en enfonçant le majeur dans le petit trou baveux."
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