Extrait de la page 83 de LA BATARDE de VIOLETTE LEDUC.Chez Gallimard. L’édition que j’ai fut éditée en 1970. Je l’ai trouvé chez un bouquiniste pour 2€90.
"Elle emmitoufla mes épaules dans la blanche fourrure d’un bras, elle mit ma main dans le sillon entre les seins, sur l’étoffe de sa chemise de nuit. Enchantement de ma main au-dessous de la sienne, de ma nuque, de mes épaules vêtues de son bras. Pourtant mon visage était seul : j’avais froid aux paupières. Isabelle l’a su. Pour me réchauffer partout, sa langue s’impatientait contre mes dents. Je m’enfermais, je me barricadais à l’intérieur de ma bouche. Elle attendait : c’est ainsi qu’elle m’apprit à m’épanouir. La muse secrète de mon corps, c’était elle. Sa langue, sa petite flamme, grisait mes muscles, ma chair. Je répondis, je provoquai, je combattis, je me voulus plus violente qu’elle. Le claquement des lèvres ne nous concernait plus. Nous nous acharnions mais si, à l’unisson, nous redevenions méthodiques, notre salive nous droguait. Nos lèvres après tant de salive échangée se désunirent malgrè nous. Isabelle se laissa tomber au creux de mon épaule.
-Un train, dit-elle pour reprendre haleine.
On rampait dans mon ventre. J’avais une pieuvre dans le ventre."
violette leduc > difficile de faire plus complet !site de mireille brioude