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L’EGALITE DES HOMMES ET DES FEMMES

mercredi 9 janvier 2013, par Sophie

Marie de Gournay a écrit ce texte en 1622. Une saine lecture, un peu vieillotte, dans un français à remettre au goût du jour puisqu’il n’a pas pris une ride !


ÉGALITÉ DES HOMMES ET DES FEMMES

"La pluspart de ceux qui prennent la cause, des femmes, contre cette orgueilleuse preferance que les hommes s’attribuent, leur rendent le change entier : renvoyans la preferance vers elles. Moy qui fuys toutes extremitez , je me contente de les esgaler aux hommes : la nature s’opposant pour ce regard autant à la superiorité qu’à l’inferiorité. Que dis-je, il ne suffit pas à quelques gens de leur preferer le sexe masculin, s’ils ne les confinoient encores d’un arrest irrefragable et necessaire à la quenoüille, ouy mesme à la quenoüille seule. Mais ce qui les peut consoler contre ce mespris , c’est qu’il ne se faict que par ceux d’entre les hommes ausquels elles voudroient moins ressembler : personnes à donner vraysemblance aux reproches qu’on pourroit vosmir sur le sexe feminin, s’ils en estoient, et qui sentent en leur coeur ne se pouvoir recommander que par le credit de l’autre. D’autant qu’ils ont ouy trompetter par les ruës, que les femmes manquent de dignité, manquent aussi de suffisance, voire du temperament et des organes pour arriver à cette-cy, leur eloquence triomphe à prescher ces maximes : et tant plus opulemment, de ce que, dignité, suffisance, organes et temperament sont beaux mots : n’ayans pas appris d’autre part, que la premiere qualité d’un mal habill’ homme, c’est de cautionner les choses soubs la foy populaire et par ouyr dire. Voyez tels esprits comparer ces deux sexes : la plus haute suffisance à leur advis où les femmes puissent arriver, c’est de ressembler le commun des hommes : autant eslongnez d’imaginer, qu’une grande femme se peust dire grand homme, le sexe changé, que de consentir qu’un homme se peust eslever à l’estage d’un Dieu . Gens plus braves qu’Hercules vrayement, qui ne desfit que douze monstres en douze combats ; tandis que d’une seule parolle ils desfont la moitié du Monde.(...)

Au surplus l’animal humain n’est homme ny femme, à le bien prendre, les sexes estants faicts non simplement, mais secundum quid, comme parle l’Eschole : c’est à dire pour la seule propagation. L’unique forme et difference de cet animal, ne consiste qu’en l’ame humaine. Et s’il est permis de rire en passant, le quolibet ne sera pas hors de saison, nous apprenant ; qu’il n’est rien plus semblable au chat sur une fenestre, que la chatte. L’homme et la femme sont tellement uns, que si l’homme est plus que la femme, la femme est plus que l’homme. L’homme fut creé masle et femelle, dit l’Escriture, ne comptant ces deux que pour un. Dont Jesus-Christ est appellé fils de l’homme, bien qu’il ne le soit que de la femme. Ainsi parle apres le grand Sainct Basile : La vertu de l’homme et de la femme est mesme chose, puis que Dieu leur a decerné mesme creation et mesme honneur : masculum et foemininam fecit eos. Or en ceux de qui la Nature est une et mesme, il faut que les actions aussi le soient, et que l’estime et loyer en suitte soient pareil, où les oeuvres sont pareilles. Voila donc la deposition de ce puissant pilier, et venerable tesmoing de l’Eglise. Il n’est pas mauvais de se souvenir sur ce poinct, que certains ergotistes anciens, ont passé jusques à cette niaise arrogance, de debattre au sexe feminin l’image de Dieu a difference de l’homme : laquelle image ils devoient, selon ce calcul attacher à la barbe. Il failloit de plus et par consequent, desnier aux femmes l’image de l’homme, ne pouvant luy ressembler, sans qu’elles ressemblassent à celuy auquel il ressemble".(...)

site de la source : LiTgloss avec traduction en anglais (!)

Autre version annotée : wiki source

Emission radio sur Marie de Gournay : canalacadémie

Petite histoire romancée de la vie de Marie de Gournay : arlea.fr

L'avis FFF:

390 années qu’on se coltine avec l’égalité. Aucune raison de céder !