Eh oui, la fashion week, c’est fini. Plus de super model croisé par hasard au coin de la rue, plus de podium, d’effervescence, de booker au bord de la crise de nerfs ni de petits fours mangés en hâte en attendant Eliza, Bridget, Ariel, Vanessa ou Martha…
Parce que pendant dix jours, il faut être aux aguets et pour peu qu’on laisse un peu traîner les yeux, ce sont dix jours de défilés dans les défilés, une sorte d’énorme vortex de la mode où fourmillent tout un tas de personnes de sexe féminin…
De la directrice de casting (aspect pot à tabac ou domina, ou les deux) aux assistantes (elles sont légion et toutes les tendances sont représentées. Elles pourraient constituer une ville entière.), en passant par les coiffeuses aux cheveux hirsutes, les maquilleuses au naturel et les petites mains qui cousent, cousent, cousent jusqu’au jour-j, elles sont partout et tout le temps.
Une novice pourrait perdre la tête, il faut impérativement raison garder sans quoi c’est la tuile, on oublie tout, on s’imagine à Bornéo, en bikini avec Raquel pendant que quelqu’un vous parle depuis une bonne minute. Il faut faire comme si de rien n’ était, savourer ces instants courts mais plaisants jusqu’à la dernière minute…N’est-ce pas le secret de plus d’une chose dans la vie ?
Mon rôle dans ce chaos organisé ? Celui d’un rouage indispensable et stratégique bien sûr !
Faire se mouvoir le model dans Paris, à toute heure du jour et de la nuit. Du coup, le driver assiste souvent à ce que la miss ne donne pas à voir au public : les angoisses existentielles, le coup de fil à maman pour une rallonge de poket money, la tête de lendemain d’after au Baron, les rivalités, jalousies et autres crêpages dont la drama gueen ne détient plus le monopole, les pleurs de fin de semaine, les caprices, que sais-je encore… Qui pourrait imaginer qu’ un mannequin serait prêt à traverser Paris un dimanche à 21h pour trouver …des saucisses Knakis ?!? Qu’elle dévorera d’ailleurs froides en ponctuant chaque bouchée de petits « hum, hum » de satisfaction. Comme quoi leurs pires vices ne sont pas fatalement ceux qu’on croit…
Ainsi passent les jours, de rencontres insolites en tableaux pittoresques… L’histoire se termine généralement à l’aéroport où l’on se quitte mutuellement exténuées ; je les laisse voler vers d’autres aventures, d’autres hôtels, d’autres shootings, d’autres drivers…jusqu’à la prochaine fois. « See u next time ».
Chouchou.