Exploding Queer Femininities par Dela Lagrace Volcano et Ulrika Dahl. Paru chez Serpent’s tail. 40$. En anglais dans le texte.
Au premier abord, on peut douter vouloir posséder cette monographie dans sa bibliothèque. Et puis il y a la page 168. Et le texte qui va avec. Alors on revient au début du livre, on essaye de lire les introductions par les auteur-es, on zappe à d’autres pages qui récèlent des interviews et extraits de performances plus intéressantes et stimulantes. On se surprend à s’attarder sur les photos de Del Lagrace qui ne semblent pas si percutantes à première vue, à les opposer aux textes. Les vies réelles et fantasmées se juxtaposent, dans la lumière crue des mises en scènes du photographe. Les regards de toutes ces fem (ou femmes en anglo-américain) arrêtent l’oeil et attendrissent la lectrice. Et on s’attarde, on se languit, on se met à rêver d’en rencontrer quelques-unes un jour...
Extrait : p.143 : Loris Weaver-still counting
"37
38
39
Turning 40 wasn’t nearly as difficult as being 41, femme and sharing the stage with a drag queen. I loved my drag queen brothers and benefited from their delicious theatricality and femme expertise. But I also struggled with the assumptions that they knew more about being women than women themselves and envied their overwhelming strength and power when it came to taking stage. I could see that their strength was in the performance of resistance. They were resisting society’s idea of what it meant to be a man just like butches were resisting the cultural expectations of what it meant to be a woman and the power of both the drag queen and the butch lay in the space between, between the norm and the resistance to the norm. I wanted that space for myself : to both resist and embrace the feminine, to be a woman impersonating a woman and to take stage as a femme on her own, without the signifying arm of a butch. I set about trying to define and create the resistant femme.
42
43..."
Traduction approximative (pour celles qui n’ont pas encore eu d’amours anglophones) :
37, 38, 39, avoir 40 ans ne fut pas aussi difficile que d’être une Fem de 41 ans, partageant la scène avec un* drag-queen. J’aimais mes frères Drag-queen et je bénéficiais de leur délicieuse théatralité et de leur connaissance des Fem. Je me défendais de la croyance habituelle qu’ils savent mieux ce qu’est être une femme que les femmes elles-même. J’enviais aussi leur force et pouvoir incroyable quand il s’agit de monter sur scène. Je pouvais voir que leur force venait du fait de leur performance de la résistance. Ils résistaient contre l’idée qu’a la société du rôle de l’homme de la même manière que les butchs résistent contre les attentes culturelles que la société a envers les femmes. Le pouvoir de la drag-queen et de la butch réside dans cet espace, l’espace entre la norme et la résistance à la norme. Je voulais cet espace pour moi : à la fois pouvoir résister et embrasser le féminin, être une femme jouant le rôle d’une femme, qui peut monter sur scène en tant que Fem sans le bras signifiant de la butch. Je me suis alors mise en tête de définir et créer la Fem résistante.
42, 43..."
NDT : J’ai écris "Fem" avec une majuscule pour faire la distinction avec "femme".
* : je me vois obligée de genrer ce qui ne l’est pas en anglais. Aux vraies traductrices rompues à l’exercice du genre de proposer une autre version !
Je raque > amazon