Extrait des pages 33 à 36 :
"
Hannah
(...)
Pendant que tu dansais, un type très grand s’est affalé près de moi. Il sentait bon et je me souviens avoir pensé ça : "on croirait un parfum de lendemain idéal."
Ses yeux très clairs et son sourire parfait, je ne me suis pas méfiée.
Je l’ai salué.
Il m’a répondu en anglais.
- Cette fille est vraiment très belle, il m’a dit, en anglais toujours. Visiblement il ne connaissait rien d’autre comme langage.
Il te dévisageait en souriant.
- Je sais, j’ai dit en français.
J’ai trouvé qu’il sentait moins bon. J’ai trouvé que c’était le parfum "dans cinq minutes je vais te voler ta vie tu n’auras plus jamais de lendemain pauvre conne".
Je l’ai trouvé grand et idiot.
J’ai trouvé ses yeux trop clairs pour être doux, son sourire trop niais pour être réel.
Il a continué de me parler de toi et m’a demandé ton prénom.
J’aurais dû me lever et partir.
J’aurais dû me lever et lui en coller une.
J’aurais dû me lever et te prendre par le bras et te dire ça suffit les conneries.
Je n’aurais jamais dû lui donner ton prénom en cadeau.
Il en a fait n’importe quoi.
Il l’a épelé d’une drôle de façon, qui n’avait rien à voir avec la perfection qui s’en dégage d’habitude quand on le prononce normalement.
Quand ton prénom roule sur la langue, c’est pour venir couronner les lèvres, et quand ton prénom s’échappe, c’est dans un soupir majestueux. Ton prénom seul est une déclaration.
Dans sa bouche, non. C’est un assassinat. Il l’a massacré comme ça plusieurs fois, et puis très fort pour que tu te retournes.
Dans le regard que tu lui as fait, j’ai compris que tout était foutu.
Lendemain foutu.
Nous deux, foutues.
Moi, foutue sans toi.
Je voyais notre rupture dans le doré parfait de tes yeux posés sur son visage d’homme désirable, je me voyais d’avance trop faible pour me battre, trop stupide, trop nulle, trop petite. Je voyais que tu allais passer cette nuit avec lui, et puis d’autres plus tard. Je me voyais passer tous les week-ends sans toi, je te voyais t’innocenter tous les lundis.
Je savais déjà que tu n’allais jamais me mentir, je te poserais des questions sur tes absences et tu me raconterais tout, parce que tu pensais ne rien faire de mal.
Je savais que j’allais rester sans rien faire en attendant que tu retrouves la raison.
Je savais que j’allais beaucoup pleurer.
Et puis plus du tout.
Et puis que j’allais te détester.
Et puis que tu allais partir pour de bon.
Je voyais arriver le jour où tu allais m’expliquer que les choses étaient compliquées, quand tu me dirais que les réponses étaient peut-être à Londres. Quand je te répondrais "fais ce que tu veux".
Je voyais arriver le lundi où j’allais devoir commencer à vivre sans toi.
Mais je pensais déjà, et avec certitude, que tu reviendrais.
Et tandis que dans ton regard mes pires cauchemars défilaient, j’ai essayé de tout arrêter.
J’ai tenté de lui hurler "SHE’S MY GIRL !" mais j’ai chuchoté des mots en minuscule qui ont eu du mal à s’envoler.
Le reste de courage s’est coincé dans ma gorge, bloqué par des ronces et des larmes.
L’Anglais a cligné des yeux mais n’a pas souri. Il m’a demandé ce que je voulais dire, et j’ai espéré que tu me donnes raison, je voulais tellement que tu lui racontes qui j’étais pour toi depuis trois ans et pour longtemps, je voulais que tu répondes "oui je suis à elle, et c’est très bien comme ça" mais tu as balayé mes mots d’un petit geste de la main, ils se sont cognés contre un miroir et tu les as écrasés en partant. Tu t’es éloignée de moi en fendant la foule, ta main dans la sienne."
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