"Ici, la femme à barbe représente la féminité dans ce qu’elle a de mystérieux, de répulsif et d’attractif à la fois ; forme d’indépendance, on ne peut ni la maîtriser ni la mettre dans une case. Elle s’approprie un attribut masculin, la barbe, avec son corps à elle de femme.
Elle peut tout dire tout faire car elle est hors du monde des conventions, elle renoue avec des choses anciennes qu’elle laisse remonter à la surface ; folie ou extrême lucidité.
Eloge du poil, de l’inutile, d’une forme de sauvagerie. Cette femme-là donne vie joyeusement à des choses mortes, des crânes d’animaux, des coquilles vides, des jaunes d’œufs, des choses qu’on jette après l’usage. Discussions ventriloques entre un crâne de bélier, un crâne de blaireau et une tête de femme à barbe, tous trois posés sur une table, sans corps. La tête humaine coupée de son corps, de la perception physique, comme dans nos sociétés occidentales. La ventriloquie permettant de jouer à faire entendre différentes voix : celle qui relève de l’illusion, et puis sa voix intérieure, celle qui raconte des choses enfouies et qui habituellement ne sort pas. "
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