Moi même je n’y croyais pas : Judith Butler venait faire une conférence (au titre apocalyptique "Frames of War") à l’Université FU, on avait réservé nos places, mais un email nous communiquait de venir quand même super tôt parce que ils attendaient beaucoup de monde. OK, elle est connue, on ne la voit pas très souvent en Europe et la salle de conférence doit être trop petite... mais quand même, il ne faut pas exagérer.
On joue le jeu, la lecture ce mardi commençait à 7h et demie du soir et on se pointe une heure et demie avant c’est à dire à 6h pile, dès l’ouvertoure des portes. A la sortie du métro, dans la banlieue de Berlin, la nuit, j’ai l’étrange sensation d’avoir 16 ans et d’aller voir U2 avec les camarades de lycée. Trouver le chemin vers la conférence c’est peu compliqué, il suffit se suivre la foule de punk, freaks, crêtes et piercings. Mais arrivée, mauvaise surprise : toute les places sont déjà prises, il faut aller dans un deuxième amphi voir la conférence à la télé...horrible ! Sans compter que ce deuxième amphi est aussi complet, merde. Donc nous, on fait les frenchy nonchalants, ou les italiens qui trichent, ça dépend des goûts, et avec une ruse, on passe outre les gardiens de la salle principale, magiquement on est a coté du podium, début, en attendant la Judith, qu’on nous dit est peut être coincé à Londres à cause de la neige.
J’ai le temps de me regarder autour, cet amphi est gigantesque, il doit bien y avoir plus de mille places et tous les sièges sont occupées par une petite tête queer, un étudiant ou un prof. Il ne reste que les premiers rangs "Reserviert" pour les VIP de la philosophie. Je ne crois pas que j’en suis un... En tout cas c’est assez cool et excitant : toutes les dykes de la ville semblent être là ce soir :)
La tension monte, on finit par s’assoir au premier rang, les nouvelles lunettes d’intellectuel et le chaos qui règne font qu’on ne se fait pas getter, la classe. Judith Butler arrive, toute petite, suivie de une dizaine de personnes, grands applaudissements, les photographes font claquer les flashs, elle monte sur scène, le show peut commencer.
Une heure et demie après, le lecture de son nouveau texte "Frames of War" finie, elle redescend. Les groupies et petites fans de tous genre, l’entourent pour lui demander des autographes, les profs barbus veulent lui serrer la pince. C’est littéralement un bain de foule. Je suis toute émue comme après un concert rock.
PS : Dans son texte elle n’a parlé ni de queer ni de performance de genre, mais de la violence et d’envie de tout détruire provoqués par la sensation d’insécurité physique (Cf. les Frames of War du titre).
De Judith Butler on vous en avait déjà parlé la et la.
Pour un mini parcours Butler en anglais, c’est ici