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CETTE FEMME EST UNE BOMBE SEXUELLE

samedi 28 juillet 2007, par Sophie


Extrait de " ::Journée vie 1 ::", de la rubrique "Fictions" du site : Femmes au volant. On ne sait pas qui écrit vraiment.


"REVEIL-HYPOTHESE 3

Putain de rêve, ça te bouffe les neurones et le matin t’es comme une pomme à te demander si c’est prémonitoire ou pas. Elle ouvre un oeil, puis deux, s’étire et se tâte perplexe le corps : elle a des cheveux dans les yeux mais ce ne sont pas les siens, elle a un sein dans la main gauche mais ce n’est pas le sien. Elle a aussi une sévère gueule de bois, la bouche pâteuse, les muscles contractés, la tête dans un étau, l’estomac dans la tête dans l’étau. Il lui faut bien 30 secondes avant de remarquer ce qu’elle tient dans la main, elle sursaute, coup au cœur, il y a quelque chose qui cloche, est-ce que j’aurais trois seins, je sens bien que je touche un sein mais mes seins ne se sentent pas touchés, donc ce n’est pas mon sein, et même pas un troisième qui aurait surgi pendant la nuit, à moins que ce ne soit pas un sein mais la tête de Bobi, elle se retourne pour vérifier. Il y a une femme dans son lit, elle a un mouvement de recul, elle lâche le sein, un instant le monde vacille. La fille lui sourit. Rapide coup d’œil : de très longs cheveux noirs, des seins blancs en forme de pomme, très fermes, des jambes sans fin, une taille parfaite, le ventre plat, des yeux noirs, des cils noirs, une bombe, cette femme dans mon lit est une bombe sexuelle.*
Reprenons : il y a eu cette fête hier soir, juste avant elle avait eu une mauvaise discussion au téléphone avec un homme, un homme très proche, celui avec qui elle couche, mais qui est très loin, et le téléphone cette saloperie ; elle était partie déprimée à cette fête, elle avait décidé de boire et d’être disponible...
Après elle se souvient vaguement, vodka tonic, vodka pomme, vodka orange, la piste de danse, une fille très belle dans une robe rouge avec des chaussures jaunes, il fallait oser mais de fait elle était très belle, surtout elle avait cette manière de danser qui fait onduler tout le corps, de haut en bas, en traçant des paraboles et des hyperboles ; elle était irrésistible, elle la regardait avec tellement de douceur. Elle avait envie de se mettre dans ses bras. Elle est hétérosexuelle, c’est entendu, elle n’envisage pas de coucher avec une fille, ça la dégoûterait presque, mais elle ne s’interdit pas de les trouver désirables, en fait elle les trouve désirables, elle tombe sous leur charme, elle les trouve hyper séduisantes, elle ne serait pas contre quelques mains passées dans les cheveux, quelques baisers volés - sans la langue -. Mais coucher non. Elle se dit aussi qu’être de gauche c’est ne pas insulter le possible, c’est donc autoriser que tout puisse arriver, donner son autorisation à tout, même aux femmes. Elle s’était souvent interrogée, est-ce un devoir de coucher au moins une fois dans ta vie avec une fille ? Pour savoir, pour élargir le champ de l’expérience, pour ne pas mourir coincée. Elles sont toutes les deux assises dans le lit, nues, elle ne se souvient plus jusqu’où elles sont allées, elle ne sait même pas si elle lui a fait un cuni. Merde, si je n’avais pas autant bu je me souviendrais de tout, en même temps si je n’avais pas autant bu je ne l’aurais jamais ramenée, et je n’aurais pas mis la langue. Vu son air ravi j’ai dû mettre la langue. Il faut qu’elle lui parle, elle ne sait pas comment, elle voit bien que l’autre attend, elle a l’air intelligente, elle doit savoir que tout ça est assez inattendu. « Ça va, bien dormi ? écoute je crois que c’est la première fois que je me réveille à côté d’une femme, je ne me souviens de rien, qu’est ce qu’on a fait, j’ai été bien ? je ne sais pas comment on fait avec les femmes, et toi t’es goudou ? je suis un peu mal à l’aise là, mais en même temps je te trouve magnifique, mais tu sais je suis une habituée de la pénétration, tu vois ce que je veux dire ; merde je dis n’importe quoi ». « Je vois ce que tu veux dire, tu as été très bien, je te laisse mon numéro de téléphone, tu peux m’appeler un jour, dans très longtemps si tu veux, il faudra essayer à jeun mais je ne sais pas si tu pourras avec autant d’ardeur ». Elles s’embrassent, la jolie fille se lève, se rhabille, a l’air de s’en aller mais revient vers le lit en se déshabillant. A nouveau toutes les deux couchées côte à côte, bien parallèles, regards fixes vers le plafond. On a 7 minutes chacune pour se raconter nos vies, sans blanc, sans pause, sans interruption : famille, classe sociale, sexualité, projets d’avenir et rapport à la maternité. Ça les fait rire, elles vont bientôt être copines, elles aiment le même genre d’hommes, petit maigre avec la lèvre inférieure pincée. Elles prennent un café au lit en zappant sur MTV, le téléphone sonne, c’est lui, il veut s’excuser, il regrette la conversation d’hier, « t’es toute seule ? t’as pas l’air toute seule, t’as une voix de fille accompagnée ». La bombe se lève, cette fois-ci pour de bon, signe de la main, baiser dans le vide, elle sort à tâtons mais claque la porte. « J’étais avec une nouvelle amie mais elle vient de partir ; à ton avis coucher avec une fille c’est pas tromper ? c’est comme sucer ? » ; « tu me proposes un plan à trois ? » ; « qu’est ce que c’est que ce macho phallocentré ? tu peux te la mettre en bandoulière, la fille je me la garde ». Elle raccroche, rassérénée, conquérante ; elle a terriblement envie d’un corps d’homme, seul un corps de femme peut donner une envie pareille - c’est ce qu’elle se dit.


*C’est moi qui surligne...


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