Extrait de (D)ébats de fems par Christine Lemoine, p.77.
"La sensualité qui, pour moi, se dégage des butchs n’entraîne pas toujours le désir. Mais il est potentiellement présent. Il devient actif quand je perçois la générosité d’une butch, dans son regard d’abord, dans ses baisers, et dans l’amour.
Je crois que nous avons tendance à homogénéiser ce qu’est être lesbienne, y compris dans la sexualité. Nous avons souvent développé le leurre de la réciprocité, de l’équivalence obligatoire. Deux femmes ne jouissent pas forcément de la même façon, même s’il est vrai qu’il y a des repères communs. Je peux discerner de manière momentanée, comme à la lumière d’un éclair, ce que ressent une butch en faisant l’amour, je peux même parfois m’approprier ce mélange intense de plaisir, de vulnérabilité, de contrôle, de désespoir, d’offrande, mais ma jouissance profonde et authentique se teinte d’autres couleurs, tout aussi complexes : quand je m’abandonne, c’est une force ; je suis égoïste et j’accepte d’octroyer un pouvoir ; je cajole et je fuis.
Les fems et les butchs utilisent souvent les verbes donner et recevoir pour décrire brièvement leur relation sexuelle. Mais qui donne, qui reçoit ? Ou plutôt, que donne-t-on, que reçoit-on ? J’offre une puissance aux butchs - qui socialement n’en ont pas - et elles reçoivent ma jouissance. Les butchs me donnent leur force et je reçois une reconnaissance - dans les deux sens du terme. Bien sûr, ceci n’est qu’esquisse et approximation. Il y a flux et reflux constants d’un verbe à l’autre, des mouvances, des estuaires où eaux douces et salées se mélangent. Des équilibres en renouvellement permanent."
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