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SEPTEMBRE -9 par SOPHIE*

mardi 1er septembre 2009

C’est la rentrée ! ...Mmm... J’aime pas la rentrée.
Donc, j’arrive en retard le premier jour. Je me fais repérer par toute l’école, comme ça, c’est fait. J’ai un bonnet sur la tête qui ne me quittera pas de toute l’année (mon prof d’histoire-géo me prendra d’ailleurs pour un garçon jusqu’à noël). Je découvre les nouvelles têtes de mon nouveau lycée. J’attends comme tous les autres qu’on m’attribue une classe, des futurs potes ou ennemis et des profs, aux réputations plus ou moins établies.
Appel des noms. Longue liste d’inconnus. Puis le mien. Puis celui de ma hantise du secondaire : celle dont le nom vient toujours juste après le mien ; celle qui a 6 jours de différence avec moi ; celle qui fumait déjà en 5ème ; celle qui a toujours eu de meilleures notes que moi ; celle qui m’a toujours snobé voire qui s’est moquée ouvertement de moi pendant une boum de 5ème qui avait lieu dans son garage, en roulant une pelle au plus beau mec de la classe, alors que j’attendais désespérément qu’il m’invite à danser un slow, quand je n’avais pas osé bouger de mon siège de tout l’après-midi.
ELLE ? Dans MA classe ? Nooooon ! Eh bien si. Rentrée donc, premier cours, dialogue forcé, échange progressif, on s’assoit à côté. Nous sommes après tout en terrain inconnu, autant s’allier. On se trouve un bouc émissaire commun : la première de toutes les classes de tous les temps : la fille de la pâtissière, blonde binoclarde, insupportable numéro 1. Un rapide coup d’œil circulaire et on se rend compte que les 5 gars de la classe ont tous beaucoup trop d’acné et sont beaucoup trop fans de foot pour passer le premier test. Désespoir.
Le plan B d’E., qu’elle échafaudera seule dans sa tête bien farcie de future médecin, consistera à choquer le plus possible l’intégralité de la classe avant, pendant et après les cours et si possible à mes "dépens". Mes "dépens" parce que je deviendrais vite la victime volontaire d’une série de similis attentats à la pudeur, effectués au vu de tous devant la porte d’entrée de la classe, à une seconde de l’arrivée du prof, pendant une interrogation orale, dans la cour à la récré...etc. Le but de ces exactions étant de me plonger dans des états carrément dans l’Ohio, en totale panique, all systems alert, rouge pivoine, si possible bafouillante. Si j’avais l’outrecuidance d’aller dans son sens comme par exemple répondre à ses avances, j’étais invariablement accueillie d’un "Mais ?! Ca va pas Sophie ?!" à fort volume. 4 mois de cette douce torture, je tins. Puis les vacances de noël mirent un terme momentané à ce jeu sadique. Et je voguais vers un nouvel horizon qui commençait par C.
Mes notes catastrophiques, sans nul doute dues à ce traitement infâme (que j’appliquais avec beaucoup plus de succés sur C.), me portèrent loin des espérances familiales et de E., qui, elle, ne vacillait pas malgré les attaques hormonales.
Nous ne nous revîmes que trois ans plus tard, par hasard. Sans vraiment l’avoir délibérément choisi, elle m’invita pour le diner chez ses parents (un supplice) puis à coucher (dans sa piaule sous les toits). Des heures de discussion plus tard, elle m’apprit qu’elle venait de passer en deuxième année de médecine et qu’elle était quasi fiancée à un futur médecin. J’étais ravie et l’embrassais. Elle résista. Seulement, après.
Elle vint me voir à Paris. Nous étions très heureuses de nous retrouver, transportées. Nos baisers duraient des heures, s’arrêtaient pour fumer et recommençaient. Une règle tacite nous limitait. Je n’étais pas célibataire et elle non plus ?
Quelques mois et allers-retours plus tard, c’est en Normandie qu’elle me dit :" Je t’aime". Une nuit. La seule. La dernière.
La plus belle histoire d’amour est peut-être celle d’un amour impossible. C’est déjà une belle histoire.