D’ordinaire, les récits de procès ou chroniques judiciaires sont des lectures plutôt rébarbatives, la langue est jargoneuse, truffée de termes incompréhensibles au commun des mortels à moins d’avoir un PhD de droit.
Cet article de Pascale Robert Diard que je re-blogue vient du site du Monde spécialisé "Chroniques judiciaires" et c’est tout simplement passionnant. L’histoire est celle d’une femme battue par son mari pendant des années qui au cours d’une dispute finit par le tuer, elle est arrêtée et jugée.
Ce qui j’y ai vu c’est que l’institution -la justice- à travers l’engagement de ses magistrats est une force politique contre les violences faites aux femmes.
"C’est une sale affaire de violence et de misère. Une de celles auxquelles on rechigne à s’intéresser parce que tout cela semble trop loin, trop moche et qu’on en a bien assez comme ça. C’est ce que l’on pensait, au début. Comme sans doute les six jurés – quatre femmes, deux hommes – tirés au sort devant la cour d’assises du Nord pour juger Alexandra Guillemin, 32 ans, qui comparaissait pour le meurtre de son mari, Marcelino.
Un soir de juin 2009, dans la cuisine de leur appartement à Douai, cette mère de quatre enfants a dit à son mari qu’elle voulait le quitter. Il a explosé de fureur, a cherché à l’étrangler, elle a saisi un couteau de cuisine. La plaie dans le cou mesurait 13,5cm de profondeur. Il est mort sur le coup, « dans une mare de sang », dit le procès-verbal des policiers. Voilà pour les faits.
Le procès s’est ouvert mercredi 21 mars. Alexandra Guillemin comparaissait libre après dix-sept mois de détention provisoire. Elle s’est assise dans le prétoire, le visage légèrement incliné, ses longs cheveux sombres noués sur la nuque, les yeux baissés, les mains posées sur les genoux et elle n’a plus vraiment bougé.