Jeudi après-midi. La chairwoman de la conférence l’introduit comme la Greta Garbo de l’Union Soviétique. Valentina Tereshkova, aujourd’hui 76 ans, rougit. Nous sommes à Vienne, à l’ONU, et tout le monde retient son souffle quand elle commence son discours.

Elle parle avec cette intonation sévère et drôle que les russes développent pour permettre aux traducteurs simultanées de suivre leur flow. Elle raconte qu’elle a grandi avec sa mère, qu’elle était ouvrière quand elle a été sélectionné parce que c’était une bonne travailleuse et qu’elle aimait le parachutisme. Et oui, à la fin des années ’50 en Russie on pouvait travailler à l’usine et avoir le gout des sports extrêmes.

Elle dit qu’en 1962 elles étaient 5 femmes à intégrer Star City ou les garçons s’entrainaient déjà depuis quelque temps pour voler vers les étoiles. Elle explique que Yuri Gagarin leur a appris tout ce qu’il fallait connaitre pour être un bon cosmonaute. Elle raconte très simplement comment elle s’est retrouvé un matin de Juin 1963 à Baikonur à gravir la rampe qui l’amenait tout en haut de la fusée Vostok 6.

Elle a volé seule pendant trois jours. Elle a fait face à des problèmes techniques qui auraient ébranlé les pilotes les plus expérimentés. Puis, au bout d’une cinquantaine d’orbites autour de la terre, sa capsule a entamé la rentré dans l’atmosphère le 19 juin et, grâce à son parachute et au vent favorable, elle a atterri en fin de journée saine et sauve à coté du lac Karaganda au Kazakhstan.

Elle dit qu’ensuite, après le décès du chef du programme spatial Russe Sergey Korolyov, on n’a plus voulu d’elles dans l’espace. 20 ans sont passées avant que une autre femme russe s’envole.

Elle dit qu’elle ne voudrait pas offenser ses collègues masculins, mais que ça serait une honte si dans l’équipage qui partira vers Mars, il n’y avait pas de femmes. Les représentants des délégations officielles du Comité pour la Paix dans l’Espace applaudissent. Les autres astronautes qui sont assises à coté d’elle hochent la tête.

La conférence finit. Je repense à ce qu’on m’avait conseillé quand on a commencé à tourner No Gravity, documentaire sur les femmes et l’espace. On m’avait expliqué que pour faire un bon film il faut être impartial, neutre.

On m’avait dit : "kill your idols".

Je n’ai pas réussi...

Roberta Bondar, première canadienne dans l’espace :

Chiaki Mukai, première astronaute Japonaise :

Liu Yang, première Taïkonaute :

Et Valentina Tereshkova, première femme dans l’espace le 16 Juin 1963, il y a tout juste 50 ans :