On connaissait déjà AZEALIA BANKS. Voici qu’on se retrouve face à la subversion subtile de la nouvelle vidéo de Zebra Katz’ du track fracassant « Ima Read ». Le clip est une œuvre d’art en elle-même, dans laquelle les couloirs d’une école privée terne et dystopique sont hantés par des figures asexuées et masquées, sorte de jeunes filles hyper sportives qui font danser leur tresses comme des couteux.

Pendant ce temps, Zebra Katz’ en maître d’école, biffe et marque en rouge des notes négatives, en balançant ses injonctions troublantes, à l’opposée du rap classique, comme par exemple : « je vais m’approcher de cette chienne ; je vais lui apprendre à cette chienne ; je vais amener cette chienne jusqu’au lycée ; je vais donner un peu de culture à cette chienne ; je vais la faire lire, lire lire. »

Pour l’auditeur lambda, "Ima Read" est un hymne tordu pro-éducation. Mais dans la culture des Ballrooms à New York, ou les gay afro-américains et latinos se lancent des défis comme dans Paris is Burning, le titre fait référence à l’expression d’argot « Reading » , littéralement insulter verbalement un adversaire sur la piste de danse.

L’article de référence, qui tente une explication plus approfondie du queer hip hop, est apparu sur Pitchfork, sous le titre "We Invented Swag : NYC’s Queer Rap".. On y parle également d’un autre artiste incroyable, Mykki Blanco du House of LaDosha, rappeur travesti qui investi les "corners" de Brooklyn et Harlem pour slammer face à un public qui l’attend au tournant, des SDF, des collégiens, ou tout simplement la rue de New York City dans son plus simple appareil.