Hier, 21 février, le groupe Pussy Riot a créé le scandale quand il a réussi à tourner une vidéo au cœur même de la plus célèbre des églises orthodoxes russes. Il n’a fallu que 5 minutes aux 4 performeuses du groupe pour détourner l’attention des vigiles, commencer à tourner "Holy Shit" et résister aux assauts répétés du service d’ordre qui a quand même réussi à les expulser du lieu de culte.
Les réactions des médias russes sont partagées. Certains parlent d’"abomination", d’autres les considèrent "démoniaques". Qui sont-elles ? Nous ne le saurons peut-être jamais car Pussy Riot est un groupe constitué d’anonymes. Même les interviews sont donnés anonymement. Pour elles, il s’agit de montrer qu’elles peuvent "être n’importe qui".
Members of Pussy Riot perform on a platform in front of St Basil’s Cathedral in Red Square, Moscow. Photograph : Anna Artemeva/AFP/Getty Images
Pussy Riot est constitué de 30 membres masquées et habillées de couleurs vives qui disent s’être rencontrées à des manifestations, des petites actions politiques et des gay-prides non-autorisées. La plupart sont des étudiantes à l’université qui se considèrent comme des féministes hard-core. Elles ne souhaitent pas dévoiler une trop grande partie de leurs personnalités, refusent de dire quel travail elles font, ou quelles universités elles fréquentent pour préserver leur anonymat.
Le déclic s’est opéré au mois de septembre 2011, après l’annonce de Vladimir Poutine de se présenter aux prochaines élections présidentielles. Une des membres a expliqué au Guardian que "beaucoup d’entre nous ne pouvaient plus dormir le soir. Il fallait qu’on fasse quelque chose, qu’on agisse".
Voilà comment elles se sont retrouvées en plein mois de janvier à faire leur première action punk devant le Kremlin. La chanson dit : "Révolte en Russie - le charisme de la protestation. Révolte en Russie, Poutine a peur !". La police les a délogé peu de temps après, mais leur statut de fauteuses de troubles était bien lancé sur le net.
Elles ont été interrogées après leur performance au Kremlin mais la police a préféré leur donner une amende plutôt que de les emprisonner, comme est normalement la règle en cas de manifestation interdite. " Nous avons l’habitude des arrestations, nous en avons déjà subi lors de manifestations", explique une des membres au Guardian, "cela ne fait pas peur, vous êtes entourés de gens bien, des gens normaux, des gens qui sont contre Poutine".
" La révolution devrait être portée par des femmes", dit l’autre membre du groupe interviewé par le Guardian, "pour l’instant, ils ne nous frappent pas et ne nous emprisonnent pas autant." "Il y a une grande tradition du genre et de la révolution en Russie - nous avons eu des femmes révolutionnaires extraordinaires."
"Nous avons voulu créer une nouvelle forme de protestation - peut-être par une énorme, mais nous compensons cela par la nature lumineuse, provocante et illégale de nos performances."
Elles travaillent sur leur prochaine action, sans utiliser le téléphone, et sans trop discuter les détails, de peur que la police ne fasse échouer le projet. Lorsque le Guardian leur demande "ce que vous faites, est-ce de l’art ou de la politique ?", elles répondent "Pour nous, c’est une seule et même chose".
Article réalisé grâce à Bust magazine, The Guardian, Huffington Post entre autres ...