"Jonathanwar89", l’auteur de cette vidéo, a peut-être les traits de Jonathan Caouette. Il vit avec sa famille dans un petit appartement, quelque part en Espagne. Il est fan de Pink et a réussi à capturer son idole au moment où elle fait son show sur la scène du MTV Music Awards. Quelle bonne idée il a eu, sa vidéo étant la seule à pouvoir être vue depuis la France ce dimanche, les droits n’ayant pas encore été débloqués (achetés ?). La prestation de la star sur l’E-NOR-ME plateau des VMA- comme les abrègent les américains- prend une tout autre tournure avec les bruits de l’appartement, la mère qui parle, l’ami/frère/père qui commente...et le chien qui tient tout seul un monologue digne des plus beaux Almodovar. Les envolées lyriques et acrobatiques de Pink en gaine lombaire et hauts talons n’arrivent pas à la cheville de cette tranche de vie tout en off. Un must !
Le son étant inaudible sur la vidéo précédente, on est tenté de regarder l’"œuvre" originale, le clip officiel. On passera rapidement sur les harmonies qui sont fidèles à ce que nous donne la star depuis longtemps et on se penchera sur le sub-texte lesbien, oui, il y en a un comme souvent. Les paroles originales [1] confèrent un sens général à la chanson un peu en décalage avec le scénario du clip et on ne peut que s’étonner de tout ce faste déployé pour si peu, une querelle de couple ? Mais Pink réussit à se mettre en scène en power-fem limite butch, ce qui alimentera à coups sûrs les ragots qui veulent qu’elle "en" soit une.
Heureusement, on trouve les interviews sur le net et le puzzle se complexifie. Pink aime MTV parce qu’elle a grandi avec la chaine musicale et qu’il y a une histoire derrière sa participation aux VMA : "C’est un plaisir d’être ici car c’est comme dire à ma mère "tu vois maman, j’ai réussi", alors qu’elle me punissait quand je regardais MTV enfant."
Pink est la bad-girl de la musique américaine grand public et elle n’a pas peur d’avouer que son émission préférée a été celle de 2009, quand elle a chanté la chanson "sober/sobre" alors qu’elle était sobre pour la première fois de sa carrière.
Elle avoue que les VMA sont "total cliché" quand elle dit que sa performance culte est celle de Madonna, lorsque celle-ci a "sauté le sol". "C’est un instantané visuel, de quoi d’autre voulez-vous vous souvenir lorsque vous réfléchissez à ce que vous avez vu en regardant les VMA ?"
Pink est sans être [2] , à la limite de la désincarnation, un pur produit de l’industrie de la musique qui sait jusqu’où elle peut aller pour choquer juste ce qu’il faut, tout en faisant beaucoup d’argent avec. L’interview semble mettre en lumière ce cynisme affiché s’il n’y avait ça et là, des ombres au tableau, où elle se rapproche dangereusement d’une Britney Spears totalement mâchée par le système. C’est le moment où elle décrit ses routines de concert à base de "rondes d’énergie" et de "pincements de seins" par exemple. Les bouches énormes de la scène des VMA, l’envolée magique au-dessus de la foule, les débauches de confettis reviennent alors en mémoire, comme autant d’artifices psychédéliques qui ne parviennent pas à oblitérer les "shit" et "dick" de la chanson. Et on se prend à espérer qu’elle arrivera un jour à fuir ce barnum et qu’elle parviendra enfin à :
"I will do what I please, anything that I want
I will breathe, I will breathe, I won’t worry at all"
riends
