MODE TRANS

samedi 9 octobre 2010, par Géraldine

Cet automne, la mode s’intéresse de plus en plus aux trans. A quelques jours de l’Existrans, journée lors de laquelle les transexuels et leurs amies marcheront pour leurs droits, la question est lancée : vrai effort de visibilité ou simple effet de mode ?


La mode recycle tout, c’est bien connu : subcultures, styles de la rue, courants musicaux, icones, sexualités à la marge etc. Parfois pour le meilleur, lorsqu’elle subodore de réels mouvements sociétaux et aide à les installer en s’en faisant l’écho avant-gardiste ; souvent pour le pire, lorsqu’elle recycle jusqu’à l’écoeurement des esthétiques usées, vidées de toute subversion (dernier exemple : le dernier défilé Balmain cuir et « rock », concu pour vieilles peaux friquées).

Pas étonnant donc qu’elle s’intéresse de plus en plus aux transexuels. La preuve par deux :

Pour sa collection automne-hiver 2010, la maison Givenchy a choisi comme égérie de sa collection qui joue ouvertement sur la confusion des genres, Léa T., un mannequin trans.

Née Léo, cette longue liane au port altier et aux faux airs de Joana Preis grandit en garçon de bonne famille entre le Brésil ( dont elle est originaire) et l’Italie. Ce n’est qu’au cours de sa vingtaine qu’elle laissera libre cours à son identité de genre. En Italie, elle rencontre Ricardo Tischi, qui vient de terminer la Saint Martin School of Arts (et deviendra, quelques années plus tard, le DA de Givenchy). C’est lui qui l’encourage, un soir, à porter des escarpins dans une fête. « On a été chercher des chaussures de drag queen et teint mes sourcils au Bleach raconte-t-elle dans Vogue. ça a été une révélation. »

Depuis qu’elle a début septembre, posé dans le magazine, nue, en pleine page, révélant un corps non opéré, Léa a provoqué une onde de choc dans le monde de la mode qui se l’arrache.

Plus au Nord, la marque branchée Acne ( qui signifie rappelons le Ambition to Create Novel Expressions") s’intéresse elle aussi aux trans et lance une mini-collection avec Candy, l’ ultra branché magazine pour trans. Des chemises en jean, spécialement dessinés pour les trans et adeptes du cross-dressing. « j’ai envie de sortir de l’habituelle mention unisexe « pour hommes et femmes », explique Luis Venegas, le rédac chef de Candy magazine. Je veux qu’ils se demandent : est ce pour homme ou pour femmes ? »

Trois des chemises de la collection jouent ainsi avec les genres : manches bouffantes façon 18e siècle, cols plissés détournent le look standard des chemises en jean. Autre détail marrant ; chaque chemise porte le nom d’une des personnages de Dynasty ( Alexis, Krystle and Sammy Jo), la série favorite de Luis. La collection sera en vente dans les boutiques Acne.

Géraldine Sarratia

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