La première fois que j’ai découvert les Lego, j’étais déjà vieille, j’avais 10 ans. Ma mère m’avait emmené chez des amis-parents pour que je rencontre leurs enfants pour m’en faire des amis. Arg, horreur, enfer. Je trainais les pieds et faisait une tête de trois pieds de long quand je débarquais dans la chambre cet après-midi là. Ils étaient trois, de mon âge, garçons et filles mélangés. Ils avaient poussé les lits contre les murs afin de se ménager l’espace le plus grand possible pour le circuit géant du train Lego.
J’étais émerveillée mais évidemment, je n’en laissais rien paraitre. Nous réussîmes tout juste à échanger un bonjour et je me plongeais dans une BD. Je n’ai pas bougé de ma position, soi-disant absorbée par ma lecture, pendant les quelques heures qu’a duré cette visite. En fait, je les observais, manipulant les briques, retravaillant le circuit, ajoutant des ponts, des passages à niveau, des maisons et autres inventions imaginaires. Ce jour-là, je repartis avec une toute autre perspective de la vie et je me dis que finalement, ce n’était pas une si mauvaise idée d’être venue et je haïs un peu moins ma mère de m’avoir trainé là. Ce jour fut suivi d’une myriade d’autres et je pus me rassasier à loisir des possibilités infinies de l’assemblage des petites briques et des histoires qui allaient avec, toutes inventées par nos soins.
Cette histoire, avec ses innombrables variantes, a semble t-il été partagée par un nombre conséquent d’enfants de part le monde. D’année en année, depuis l’invention de la brique miraculeuse en plastique de couleur, Lego fait des adeptes, garçons et filles mélangés, réunis autour de projets de construction et d’invention.
Dans cette pub des années 60, le garçon construit un avion et la fille construit une maison. Mais à l’image suivante, elle est passée au gratte-ciel ! Malheureusement, cette vision hors genre de l’activité ludique des enfants est remise en question, et l’idée qu’une fille a les mêmes potentiels qu’un garçon et qu’elle peut jouer, ensemble et au même jeu avec un garçon, est en voie de disparition.
Pour noël 2011, Lego, pour des raisons certainement financières, a décidé d’axer sa communication sur des versions genrisées de ses produits et a sorti une ensemble d’éléments pour l’un ou l’autre sexe. Evidemment, les boites pour les filles sont roses et celles pour les garçons sont bleues. Les filles s’éclatent à décorer leurs maisons, puis vont faire un tour en ville entre copines pour du shopping, s’arrêtent au café pour des cup-cakes, des milk-shakes et des hamburgers. Rien que de l’énumérer on s’écœure.
Powered By Girl et SPARK, deux associations américaines ont décidé de réagir. Après les tweets, la page facebook et les articles relayés dans la presse, elles passent à la pétition en ligne pour tenter d’infléchir la politique de Lego. Un appel à vidéos est aussi lancé, à l’image de celui de Riley, 4 ans, qui explique à Lego que ça l’énerve beaucoup ces histoires de couleurs roses pour les filles et bleues pour les garçons et comment on a tout à fait le droit d’avoir envie d’être un super-héros quand on est une fille et une princesse quand on est un garçon et que c’est pas beau de vouloir piéger les filles avec ces couleurs attrayantes :
Et comme Stephanie a écrit dans son blog sur SPARKmovement.org, “I can speak from personal experience and assure you, LEGO, that girls do like minifigs. They also like Star Wars and Harry Potter, and they like being creative and making up stories that involve adventures and good and evil and things blowing up. But if you keep on excluding them from your marketing vision, soon they will start to believe that they would rather have hot tubs and little plastic boobs.”
Lire la lettre que SPARK a envoyé à Lego.
Signer la pétition en ligne pour que Lego arrête sa publicité sexiste et recommence à vendre des jouets faits pour les garçons ET les filles (Go back to advertising and offering all LEGO to boys and girls !).
Jouer avec des minifigs.
Mais attention à ne pas devenir une BRICK QUEEN !!!