APPEL A CONTRIBUTION, note d’intention, statement of interest
Le post ou le crash ? Teresa de Lauretis et les politiques de la théorie
Atelier-séminaire de travail sur 2 jours à Paris, 26 et 28 juin 2007
(lieu à préciser)
en présence de Teresa de Lauretis
à partir de la traduction de Théorie queer et cultures populaires (La
Dispute, Paris, 2007)
Organisation : Marie-Hélène Bourcier, Maxime Cervulle, Marco Dell Omodarme, Cynthia Kraus, Eléonore Lépinard, Pascale Molinier
Déroulement des journées :
J1 / Ateliers en groupes à partir des thématiques dégagées par les
notes d’intentions et formulation des questions pour Teresa de
Lauretis
J2 / Rencontre discussion avec Teresa de Lauretis
Toute personne intéressée à participer à cet atelier-séminaire de travail est invitée à envoyer par courrier électronique un texte résumant sa proposition de participation ou ses questionnements (500 mots maximum) d’ici le 31 mai 2007 aux adresses suivantes : mhbourcier@free.fr, maximecervulle@yahoo.fr, domarco@free.fr, molinier@cnam.fr
L’organisation des thématiques de la première journée et des axes de discussion se fera en fonction des propositions. Celles-ci doivent donc nous parvenir impérativement avant la date limite du 31 mai. Cette invitation n’est pas réservée aux universitaires ou aux spécialistes. Chercheurs/cheuses indépendant(e)s, étudiant(e)s, doctorant(e)s, activistes, artivistes, journalistes, performers… sont les bienvenus. Diversité des points de vue, des méthodes et des objectifs recherchée.
Le post ou le crash ? Teresa de Lauretis et les politiques de la théorie
Au même titre que Gender Trouble, la parution de Technologies of Gender en 1987 ainsi que du numéro de la revue Différences intitulé Queer Theory, Gay and Lesbian Sexualities en 1991 a marqué un tournant majeur dans la réflexion féministe des années 90. Le sujet du féminisme s’y est vu contesté dans son unité de facade et confronté aux différences (de classe, de race) qu’il oubliait. Sous les coups de Monique Wittig et de Lauretis, il apparaîssait soudain que les féministes… ne sont pas La Femme blanche hétérosexuelle. Aujourd’hui, on pourrait ajouter que ne sont pas nécessairement des femmes mais aussi bien des transpédégouinesputes tant la politique féministe radicale et corporelle ou la riposte bio-politique se sont logées dans les subcultures genderqueer. Teresa de Lauretis a impulsé des ruptures qualitiatives brusques dans la théorie féministe en imposant le grand saut dans la théorie via une réflexivité incessante et sans concession, l’obligeant notamment à se considérer au même titre que le cinéma ou la médecine comme une technologie de genre avec ses aspects productifs mais aussi coercitifs. Sa lecture perverse de Foucault, de Freud et d’Althusser nous a permis de dépasser un constructivisme plat voué à pointer la « nature » construite des identités de genre et/ou racialisées, la simple dénonciation d’une idéologie dominante des genres pour progresser vers une pensée de la subjectivation, de la résistance, de l’excentricité et de l’auto-représentation qui fournisse à la fois des capacités critiques et des capacités d’agir qui empruntent à l’expérience politique féministe et à la double conscience qui la caractérise.
Tout en pratiquant la queerisation de la culture populaire et notamment du cinéma et des registres d’identification qu’il impose et permet, Teresa de Lauretis proposait dès les années 90 aux gais et aux lesbiennes de procéder sans attendre au même questionnement que les féministes quant au potentiel excluant de l’homonormativité et de la blanchitude, des études gaies et lesbiennes naissantes qui suivaient la pente essentialiste des women’s studies. Cadre devenu limite de la pensée pour la pensée féministe, la différence sexuelle devait certes être débordé par les genres mais aussi par la prise en compte de la race et des sexualités différentes. Teresa de Lauretis a organisé le crash-test de la théorie féministe lesbienne, des cultures et des politiques gaies et lesbiennes sur un chemin de traverse : la théorie queer.
Ce terrain n’était ni purement universitaire, ni radical chic, ni totalement discursif comme dans le post-modernisme post-structural, ni borné par l’horizon matérialiste ou la surdétermination. Il ne s’agissait plus simplement de repérer ou de produire les représentations du sujet femme dans l’histoire mais de passer la vitesse supérieure qui permet d’aborder les genres, le cinéma, la psychanalyse, les pratiques de la vie quotidienne comme des technologies biopolitiques complexes, des produits tout autant que des processus.
Ce terrain et singulièrement « la théorie queer », Teresa de Lauretis l’a quitté comme elle s’en explique dans sa réponse à la revue américaine Critical Theory qui lui demandait récemment son avis sur l’agenda politique et théorique du 21ème siècle : « depuis plus de 10 ans maintenant, j’ai éprouvé le besoin de me détourner des théories critiques et militantes que j’avais contribué à articuler : la théorie féministe, la théorie des genres, la théorie queer ». La spirale post-moderne et culturaliste tournait en boucle : « il est temps de casser la tirelire des schémas conceptuels que nous avons thésaurisés et de réinstaller de l’incertitude dans les toutes les applications théoriques, à commencer par la primauté du culturel et de ses nombreux « tournants » : linguistique, discursif, performatif, thérapeutique, éthique… »
Qu’en est-il du rôle de la théorie aujourd’hui ? Qu’est-ce qui vient après le « tournant culturel » ? Le potentiel radical d’une épistémologie et d’une politique féministe ? queer ? genderqueer ? existe-t-il ? Et dans quels buts ?
C’est à partir de cette interrogation générale sur les politiques de la théorie et des politiques des différences que nous aimerions réfléchir ensemble à partir de la publication en français de Théorie Queer et Culture populaire, de Foucault à Cronenberg (Paris, La Dispute, avril 2007).
Le post ou le crash ? Teresa de Lauretis et les politiques de la théorie
(Liste non exclusive et à compléter) des thèmes de discussion
possibles…
-Féminisme et théorie queer : leurs sujets, leurs objets et leurs
abjects
- la redéfintion du sujet du féminisme et de ses objectifs
- la différence sexuelle et l’hétérocentrisme comme limites politiques et théoriques.
- expérience et conscience féministe (double conscience et double
contrainte)
- féminisme et négativité
- féminismes et théories queers
- le crash de la théorie queer : la théorie queer répète-t-elle les
erreurs du féminisme ?
Les technologies/théories
- le cinéma comme technologie d’inscription et les genres de la réception
- la théorie comme technologie
- la notion de technologie (technologie et performance, genre comme
technologie)
- genre et biopolitique
- corps et corps sans organes
- les réappropriations de lauretitienne de Foucault et d’Althusser
- la psychanalyse, la théorie, le féminisme et le cinéma comme
technologies de genre
- Cronenberg vu par De Lauretis
Politiques, stratégies, énergies
- l’épuisement des politiques de la représentation ? (médias, culture
populaire, cinéma)
- le potentiel des études culturelles
- l’agency (la capacité d’agir) entre matérialisme et discursivisme
- de la nécessité de trahir le post-structuralisme et plus…
- figures de la subjectivation
- l’autoreprésentation
- masculinisme et appropriation des discours minoritaires (féministes,
queer, trans)
- politiques des différences, multiculturalisme
- no future pour les savoirs situés ?
- négativité, positivité et résistance à l’ère globale
- empowerment, résistance ou mutation ?
- l’université et ses marges
- la traduction culturelle
- le rôle des « intellectuels ».