Cela fait 21 ans cette année que le Dinah Shore week-end existe, là-bas, sur la côte ouest des Etats-Unis, dans une "petite ville" appelée Palm Springs. A l’échelle française, on appellerait cette bourgade, une "ville nouvelle", bâtie de toute pièces en plein milieu du désert, voilà quelques dizaines d’années, en vue d’offrir un cadre sécurisé aux retraités américains dont la population ne cesse de croitre. On ne sait pas bien comment ce bled paumé a réussi à devenir la Mecque des lesbiennes américaines une fois dans l’année. Cela tient certainement à Dinah Shore, la championne de golf (sport national de Palm Springs) qui donne son nom à ces quelques jours de débauches et d’orgies.
Elles sont plusieurs milliers à faire le voyage chaque année. Elle s’entassent avec délice dans des hôtels sélectionnés spécialement pour elles, dans des piscines réservées, dans des boites de nuit dont l’entrée est totalement interdite à la gent masculine. Elles payent des sommes colossales pour l’hôtel, la piscine, les repas, les boissons, les taxis, l’avion, les boites de nuit...et les afters dans les chambres.
Les photos en disent long sur l’atmosphère orgiaque de l’évènement. Des milliers de femmes dans une piscine qui déborde, des milliers de verres d’alcool à la main. Des milliers de femmes habillées d’une seule et même couleur sur une piste de danse surpeuplée. Des milliers de femmes qui se promènent dans les couloirs des hôtels bondés. Des milliers de femmes le matin, le midi, le soir, la nuit et tout pareil le lendemain.
Vu d’ici, ces quatre jours font figure de suprême Nirvana. A Paris, quand une organisatrice de soirées arrive à rassembler mille lesbiennes sur un évènement, on crie au miracle et qui se souvient d’avoir participé à une soirée avec plusieurs milliers de femmes en France ces dernières années ?
...
Personne ?!
Et pourtant, ce week-end ne me fait pas rêver. Ou si peu. J’arrive à m’imaginer sur place quelques heures, avec une bande de copines, avinées au dernier degré, comme toutes les autres autour de nous, roulant des pelles à n’importe qui, pourvu qu’elle-s parle-nt une langue inconnue, me réveillant le lendemain matin avec une gueule de bois phénoménale, et me dirigeant d’un pas mal assuré vers le buffet débordant du petit-déjeuner et regarder autour de moi et Aaaaaaah ! Avoir peur !
Le Dinah Shore week-end me renvoie toujours à la question fatale : si on m’en donnait la possibilité, irais-je vivre sur une île comme celle de Wonder Woman, peuplée de 100% de femmes ?
(suite au prochain épisode)