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ELLES TOURNENT A BRUXELLES

lundi 3 octobre 2011, par Sophie

Ce week-end avait lieu à Bruxelles le festival "Elles tournent". Plus de 3 jours de projections, débats, brunchs et fête. Un avant-goût des festivals LGBT de Paris qui vont commencer à la fin de cette semaine ?


Le festival bruxellois "Elles tournent" en était à sa quatrième édition. Organisées par une poignée de bénévoles, les projections avaient lieu au Botanique. Grand jardin d’hiver surplombant le jardin botanique de Bruxelles, on y trouve aussi un café-restaurant accueillant qui vend de la véritable menthe à l’eau pour...0,45€ ! Une ambiance relax pour des films à forte tendance politique, filmés par des femmes, mais dont les contenus sont très variés. S’il y avait un fil conducteur à trouver entre tous ces films, c’est certainement la notion d’"empowerment" qui émergerait. Prise de pouvoir par les femmes dans une usine indonésienne, réalité du travail des ouvrières dans une fabrique de talons aiguilles chinoise, solitude extrême de la pianiste coréenne d’un hall d’hôtel à Séoul, mise en scène de la torture dans une prison du Burundi, nous avons voyagé pendant quelques heures, d’un bout à l’autre de la terre, mais avec l’impression que les femmes trouvent toujours de l’énergie, des ressources, de l’espoir dans des situations extrêmement difficiles. Une magistrale leçon d’humanité.

Nous avons particulièrement apprécié :

BLAGUES À PART de Vanessa Rousselot
F, 53’, 2010, ov Ar-Pal st Fr/Nl
"Belle façon d’aborder la vie quotidienne en Palestine par les blagues qu’on y raconte".
FFF : Le film suscite un panel d’émotions comme on en vit rarement au cinéma. De la franche rigolade à la crise de fou-rire, pour revenir à la rage sourde qui suinte des images des check-points et de certaines réalités de la vie quotidienne des palestiniens. On éprouve une intense émotion à la vue de ces intellectuels, sociologues, étudiantes, hommes de la rue, qui inventent, colportent et collectionnent des blagues dans un pays en guerre.
Le débat avec la réalisatrice a permis d’évoquer l’immense chaine de solidarité dont elle a bénéficié. Des palestiniens et des israéliens ont collaboré au film et ont permis la sortie des bandes de Palestine et le montage, sur plusieurs années de ce film témoignage.
Ne le ratez sous aucun prétexte s’il passe dans une salle près de chez vous !


Extrait n°3 : "Blagues à part" de Vanessa... par rue89

 

KUBITA de Maria Tarantino
B, 40’, 2011, ov Fr/Kirundi st Fr
"Le théâtre dans une prison au Burundi comme outil de reconstruction."
FFF : Une idée dingue, portée par des ONG locales : faire jouer côte-à-côte des personnes torturées et des tortionnaires dans l’enceinte d’une prison au Burundi. Rien que le synopsis parait aberrant. Le film retrace une partie des répétitions puis donne à voir quelques morceaux du spectacle unique, qui s’est tenu dans la cour de la prison où se tenait 2000 détenus spectateurs. Comment on peut, par la parole, le théâtre, la catharsis, réconcilier deux parties d’une même population. Un projet incroyable, un film percutant.
Le débat avec l’association AWSA (Arab Women’s Solidarity Association) n’a pas duré aussi longtemps qu’on l’aurait souhaité. On aurait aimé en apprendre plus sur cette association de femmes qui investit les cafés et lieux spécifiquement masculins de Bruxelles.

 

NO GRAVITY de Silvia Casalino
D, 62’, 2011, ov Eng st Fr
"Des femmes astronautes, héroïnes de l’espace des années glorieuses témoignent. Le cocktail femmes et sciences nous emmène au loin."
FFF : Entre le documentaire et le film de fiction, No Gravity nous entraine sur les traces de ces femmes, françaises, américaines, russes, italiennes, pionnières de l’espace. Loin de limiter son propos au machisme ambiant du côté occidental, ou à la condition de la femme cosmonaute, le film tisse des liens et explore des pistes de réflexion autour de la figure du cyborg développée par Donna Haraway. On découvre la théoricienne dans son environnement et on se délecte de la voir expliquer son concept, qu’elle articule à l’histoire de la conquête de l’espace. Elle nous donne en passant une petite leçon d’espoir en affirmant que les lesbiennes et les féministes sont les mieux équipées pour penser l’être humain du futur.
Le débat avec la réalisatrice et avec l’association BeWiSe (Belgian Women in Science) a permis de mettre en lumière d’autres aspects du film et d’évoquer la situation actuelle pour les femmes scientifiques.

 

A cheval entre le court-métrage de fiction et la vidéo d’art contemporain, nous avons aimé la session ECRANS D’ART, ECRANS D’ELLES :

DISSONANT de Manon de Boer
B, 11’, 2010
"Expérience sur le corps, le temps, le film saisit une chorégraphie silencieuse de Cynthia Loemij".
FFF : En désynchronisant le son de l’image, Manon de Boer bouleverse la narration habituelle d’un film de danse. En obturant l’objectif, elle plonge le spectateur dans le noir et donc dans le son, le son du corps en mouvement. En ouvrant l’obturateur, nous revoilà abreuvé d’images, cette succession de gestes que la danseuse effectue jusqu’à épuisement ? Une expérience étrange où le spectateur retient son souffle, essaye de se souvenir des gestes, de l’enchainement, d’un noir à l’autre, presque en miroir de la danseuse à l’écran. Un must pour les fans de films de danse !

 

THE CORRIDOR de Sarah Vanagt
B, 7’, 2010
"Relations aux confins d’un monde où le dialogue est tactile.Premier Prix du Festival Courtisane à Gand."
FFF : Encore un projet fou : un partenariat entre un sanctuaire pour ânes dans le Kent et une maison de retraite. Cela donne à voir un plan incroyable : un âne déambulant dans les couloirs de l’hospice ! Un âne apportant un peu de douceur dans un monde de souffrances.

 

TU AS LOUÉ UNE VOITURE POUR PLEURER d’Isabelle Martin
B, 15’, 2010
FFF : Toutes les dépressives se reconnaitront dans le récit de cette femme qui erre de lieux en lieux et finit par louer une voiture pour pleurer. Le film interroge la fonction de nos lieux de vie. Rue, voiture, maison, appartement, couloirs, sommes-nous chez nous quelque part ?

 

LA PIANISTE de Sung-A Yoon
B, 10’, 2011
"A Séoul, dans un lieu de passage, une femme joue au piano."
FFF : Presque un plan séquence d’une femme désespérément seule à son piano, qui joue des scies de la musique classique ou pop, dans le hall d’un grand hôtel de Séoul. Des dizaines de personnes passent sans un regard pour cette femme, au visage impassible. Un incident bouleverse cette mécanique et c’est l’absurde de la situation qui s’engouffre. Un procédé tout simple pour une véritable œuvre d’art.

PLUS D’INFOS :
Le site du festival avec le programme, les bios des réalisatrices, les résumés...etc

L'avis FFF:

Moralité : On espère que les festivals Chérie-chéris, Cineffable et celui de Créteil seront aussi chaleureux et agréables que celui-ci. Et pour sûr qu’on sera de la session 2012 !