A 15h, nous étions une cinquantaine à s’être rassemblées pour s’échanger quelques accessoires (brassards, pancartes, logos, paillettes, confettis, riz...etc).
On improvisa sur place un atelier slogans-pancartes. ChacunE pu créer son propre panneau et les idées fusèrent.
"Qu’est-ce que tu comprends pas dans Egalité ?" ; "Les carrés Hermès avec nous" (Frigide Barjot ayant appelé "ses" manifestants à ne pas arborer ce signe distinctif de la haute bourgeoisie)...
"A bas la messe en latin, vive la messe en latex !" ; "Les mêmes devoirs = les mêmes droits. Egalité !" ; "Tes droits ! (Ta gueule !)" ; "Homophobes" (qui était aussi déclinée sous forme de banderole géante au premier étage d’un immeuble de la place).
Notre petit groupe fut vite rejoint par des inconnuEs, et même sans chef, sans association porteuse, sans mot d’ordre, on savait être toutEs là pour les mêmes raisons.
La circulation fut arrêtée rue de rennes et on sentait que le cortège approchait de notre point fixe. On prit position le long de l’itinéraire annoncé.
Les banderoles, les "E-G-A-L-I-T-E" étaient fin prêtes en un temps record.
Mais alors que les policiers, le service d’ordre et le parcours de la marche avaient indiqué la rue de rennes comme itinéraire annoncé, le début de la marche pris tout à coup une autre direction. En un clin d’œil, un cordon de CRS nous bloqua l’accès au boulevard et nous fit reculer de quelques dizaines de mètres.
Plutôt que de nous disperser, nous décidâmes de rester groupéEs au même endroit.
On était positionnéEs à 50m environ du cortège de la manif. A portée de voix de nos sifflets, huées et slogans, donc. Les CRS restaient très calmes. Entre nous et le cortège, le service d’ordre en jaune formait un autre cordon et empêchait les manifestants (tous bien blancs et bien propres sur eux) de venir nous chercher des noises.
Nous avons scandé "é-ga-li-té !" des milliers de fois. Et alternativement hué, sifflé, conspué la manif qui s’étalait devant nos yeux. Un journaliste nous dit que les manifestants anti-mariage avaient reçu des consignes pour ne pas scander de slogans ni parler à leur manif. Ce n’était que mieux pour nous !
Puis quelque part quelqu’un a peut-être estimé que nous étions trop proches les uns des autres et une autre compagnie de CRS est arrivée, caparaçonnée, avec de grands boucliers en plexi, prête à en découdre, et hop hop hop, a entrepris de nous faire reculer manu militari dans la rue de rennes. Quelques pas en arrière plus tard, d’un seul mouvement, nous nous sommes toutEs assises et le mouvement fut arrêté net.
Nos "E-ga-li-té !" n’en furent que plus sonores. Puis nous enchainâmes avec des "Plus de caresses, moins de CRS", "Ignorants !", "Libérez les enfants !", "Deux papas, deux mamans !", "On va se marier !", "On va gagner !"... On improvisa des kiss-in. Des jeunes multicolores chantèrent une chanson égalitaire spécialement écrite pour l’occasion. On cria beaucoup pour se faire entendre par nos opposants à quelques mètres de là.
Quelques opposants vinrent nous tenir des discours homophobes sous couvert d’ouverture. Quelques énervéEs furent empêchés par la police d’accéder à notre rassemblement. Mais dans l’ensemble les lignes restèrent poreuses tout l’après-midi.
Voyant que les choses en restaient là, les CRS tombèrent le casque et nous leur crièrent "CRS à poil !". Nous fûmes rejoint par des passantEs jusqu’au bout de la journée. Un char passa avec de la musique techno et nous criâmes "votre gay-pride est pourrie !", "Rendez-nous la techno !", "Plagiat !". Puis, enfin, après 2 heures de défilé non-stop, on vit les petites voitures vertes de la Mairie de Paris venir faire le ménage et nous leur lançâmes un dernier : "Nettoyez bien !" avant de nous disperser dans la joie d’une journée efficace et bien remplie.
Nous sommes toutEs heureusEs que cette action ait suscité un peu d’intérêt de la part des médias, bien que nous aurions aimé être plus nombreusEs.
Nous nous engageons à continuer de nous mobiliser jusqu’au vote de la loi en janvier. Si vous souhaitez être misEs au courant de nos réflexions, réunions, actions, laissez votre mail à foleffet@gmail.com.