Bon jusque là, tout est normal.
Mais il a fallu d’une chute idiote de ma part, pour me faire arrêter vendredi avec comme mot d’ordre : PAS BOUGER.
J’ai tout de suite pensé : qui dit pas bouger, dit grace mat’ !!
Et c’est là que j’ai réalisé. L’affichette, l’escalier, la cour...LES OUVRIERS !!!!
C’est toujours comme ça, à chaque fois qu’on a une bonne occasion de ne rien foutre chez soi, on nous colle des travaux, des visites pour la chaudière ou une coupure d’eau..
Et puis les travaux dans la cour, on sait ce que c’est. Pas question pour les ouvriers de faire les choses qui font du bruit en fin de matinée ou dans l’après midi, non c’est beaucoup mieux de faire tout ça le plus tôt possible !? j’ai jamais compris mais c’est une règle dans le métier.
J’ai donc fermé les yeux jeudi soir en me disant, "profite, ça va pas durer"
Vendredi matin. Je tends la main, attrape mon portable et les yeux plissés, je vois 10h57. Pas un bruit. Impossible !? j’avais du mal lire l’affiche voilà tout.
11h12, j’ouvre ma fenêtre puis mes volets. Une voix de femme qui chante, des bruits que je n’arrive pas à définir et de l’eau qui coule ? je me penche pour voir ce qui attire presque agréablement mes oreilles.
Les travaux sont bien commencés, là dans ma cour, mais dans une ambiance totalement différente de celle que j’avais imaginé.
Pas de gros lourds qui fument des Marlboro rouge avec la raie des fesses qui dépasse. Pas de perceuse qui me fout de mauvaise humeur. Pas de blagues vaseuses.
Deux femmes. En salopette. Rien que ça, je souris.
Je suis complétement bloquée à ma fenêtre à les regarder. L’une des 2 chante donc, tout en travaillant la pierre. L’autre s’attèle à nettoyer un sceau sous l’eau qui coule du petit robinet que je n’avais même jamais vu.
Elles sont là et tout est si paisible.
Ma fenêtre est toujours ouverte quand je décide de mettre un bout de fromage dans une tranche de pain en guise de déjeuner. Toujours pas de bruit désagréable, ni de mots plus haut que l’autre. Plus de bruit d’ailleurs.
Ma curiosité me fait me pencher de nouveau et je vois que c’est l’heure de déjeuner pour elles aussi. Le bon vieux grec-frites est remplacé par des tuperware de je ne sais quoi, mais tout de même accompagnés de bières (faut pas déconner).
Je mange accoudée sur ma rembarde, avec elles. J’ai presque envie de leur descendre un café mais je pense : "PAS BOUGER".
Je retourne à mes occupations et j’imagine le moment où elles auront très chaud et qu’elles mouilleront au jet d’eau leur marcel tachés de peinture..malheureusement, le mois de juillet et ses 19° ne m’offre pas le plaisir de les voir en sueur, ni en débardeurs trempés. ça ne pouvait pas être parfait !
Plus tard, j’aurais même le droit à la ponceuse mais je n’y prête pas plus d’attention. Je ne râle même pas.
Je trouve ça vraiment chouette de voir des femmes ouvriers, faire ce qu’on nous dit tout le temps qu’on ne peut pas faire parce que nous sommes des femmes. Je suis fière par procuration.
Elles ont bientôt fini leur journée et j’espère qu’elles seront là demain, que j’irai mieux et que je pourrai leur offrir un café.
Parce que ce n’est pas non plus une exception, et qu’il y a des filles qui ne reculent pas devant les préjugées et autres idées toutes faites, des copines ont monté leur boite de Création de matières et réalisation d’éléments décoratifs en finitions murales dans le cadre de création contemporaine ou en réhabilitation de constructions anciennes.
La boite s’appelle HYLÉ // Matières subtiles, je les mets ici en lien pour vous donner une idée !
Quelques photos aussi pour vous donner l’eau à la bouche !