Etes-vous la Lady Gaga de l’info ? La championne du monde toutes catégories du surf sur internet, top tendance, It-girl suprême ? Si oui, vous avez certainement suivi les tergiversations des meilleurs scientifiques mondiaux qui ont décrété récemment que LE POINT G N’EXISTE PAS. Ils n’ont pu rassembler AUCUNE preuve scientifique que le vagin des femmes recèle bien un emplacement, un lieu, une zone, que naguère on qualifia de "Point G", du nom de l’oublié sexologue Ernst Gräfenberg qui le premier, en 1950, étudia le plaisir féminin.
On pourrait déjà s’arrêter là. Vous venez bien de lire qu’il a fallu attendre l’année 1950 pour que quelqu’un - vous noterez que c’est une personne du sexe masculin - s’intéresse à la question du plaisir féminin. Avant cette date, le sujet était no man’s land, il n’intéressait personne .
Depuis 61 ans, ce fameux point apparait et disparait, tel un magnifique et interminable serpent de mer, des eaux du Loch Ness des études scientifiques. "Il est là !", "Ah non, il n’y est pas !". Il y était donc jusqu’à cette étude hyper sérieuse du King’s College de Londres dont les résultats ont été publiés en janvier 2011. Les chercheurs anglais n’y sont pas allés de main morte. Ils ont sélectionné 1800 femmes, toutes jumelles, vraies ou fausses. Ils ont demandé aux jumelles si elles possédaient un point G. Comme les gènes des jumelles sont identiques, si une disait avoir un point G, l’autre devait en avoir un aussi. Or, le schéma ne se répéta pas et les jumelles monozygotes n’obtinrent pas de meilleurs scores que les jumelles non identiques, alors que ces dernières ne partagent que la moitié de leur gènes.
Et le professeur Tim Spector, co-auteur de l’article paru au journal of sexual medicine de conclure "This is by far the biggest study ever carried out and shows fairly conclusively that the idea of a G-spot is subjective." (C’est la recherche la plus poussée réalisée jusqu’ici. Elle montre de façon plutôt concluante que l’idée du point G est subjective).
Exit le plaisir ou plutôt exit le plaisir physiologique. Une collègue de Tim de renchérir "It is rather irresponsible to claim the existence of an entity that has never been proven and pressurise women and men too." (Il est irresponsable de prôner l’existence d’une entité qui n’a jamais été prouvée, cela pressurise les femmes mais les hommes aussi) . Et le Dr Petra Boynton, psychologue sexuel-le de l’université college de Londres d’ajouter "It’s fine to go looking for the G-spot but do not worry if you don’t find it. It should not be the only focus. Everyone is different." (Vous pouvez partir à la découverte du point G mais ne vous alarmez pas si vous ne le trouvez pas. Il ne doit pas être votre point de mire. Nous sommes tous différents).
Cette zone "de la taille d’une pièce de vingt pence" qui se situerait sur la partie antérieure du vagin et qui provoquerait un plaisir particulier quand elle est stimulée" [1] reste Terra Incognita en 2011.
C’en était trop pour Odile Buisson, gynécologue obstétricienne à St-Germain-en-Laye. Elle a décidé de partir en croisade pro-point G. Grâce à "un couple de volontaires dévoués à la cause des femmes", elle a réalisé en 2009 et 2010 les premières échographies du clitoris, et même du coït.
Libération relate ce qu’elle a découvert, avec l’aide de Pierre Foldès, chirurgien spécialiste de la réparation du clitoris : "le clitoris n’est pas un petit bouton, c’est un organe bien plus large, constitué d’une double arche dont le sommet enserre la partie avant du vagin. L’échographie a permis de visualiser les modifications anatomiques lors d’une pénétration vaginale. Le clitoris est alors comprimé contre la partie antérieure du vagin par les mouvements répétés du pénis. D’où la sensibilité particulière de cette zone." [2]
D’après elle, la défiance envers cette spécificité féminine vient du fait que contrairement à l’érection qui est liée à la reproduction de l’espèce, "le plaisir féminin ne "sert" à rien. La jouissance des femmes fait peur aux hommes, y compris aux chercheurs. " Ils publient donc un livre ces jours-ci intitulé "Qui a peur du point G ? Le plaisir féminin, une angoisse masculine" [3]
Si vous comptez parmi les femmes qui pensent l’avoir trouvé, ce célèbre point, décontractez-vous, vous n’êtes pas, aux yeux d’Odile et Pierre, hystérique. "Il y a une logique anatomique à cela. Il faut (vous) faire confiance. Bien sûr, il n’y a pas d’explication purement mécanique, je n’évacue pas les autres composants du plaisir féminin, la psyché, le rapport à l’autre, des phénomènes neurologiques, biochimiques... Mais il n’y a pas de raison que ce soit un champ inexploré. Le plaisir féminin ne se loge pas dans la tête. On ne fait pas l’amour avec son cerveau." [4]
S’il n’avait pas fallu attendre 1998 pour découvrir l’anatomie exacte du clitoris et 2005 pour la première résonance magnétique nucléaire [5], on irait presque jusqu’à dire que l’histoire du clitoris est d’une poésie délicieuse. L’homme a exploré de fond en comble la quasi totalité de la planète Terre, il s’est lancé à l’assaut des planètes du système solaire, envoyé des sondes ultra sophistiquées aux confins de la galaxie, mais il choisit d’ignorer complètement le fonctionnement d’un organe au cœur de la vie des femmes...
Plus loin > Shere Hite
Pour Wikipédia, le Point G est une hypothèse.