Le thème était la sexualité, le désir et les actes des personnes en situation de handicap, partiellement ou totalement dépendante d’une assistance pour chaque geste de la vie.
D’abord un constat pathétique que la patrie des droits de l’Homme est encore en retard sur nos voisins européens, et ici dans la réflexion et les solutions apportées aux personnes handicapées préoccupées par leur sexualité. Parce qu’il s’agit réellement d’une préoccupation, plus ou moins importante évidemment, en fonction de la nature de chacun. Et comme toute préoccupation, elle peut empêcher de libérer chez nous ce qu’il y a de meilleur..
Puis, que dans une société qui se prétend "civilisée", ne pas être à la hauteur de ses prétentions, sera toujours aussi navrant..
Le dernier témoignage d’un couple français était particulièrement révélateur. Suffisamment autonomes pour avoir une sexualité, mais inquiétés par leur capacité à concevoir un enfant, ils avaient obtenu une fin de non recevoir à leur demande d’assistance à la procréation auquel a droit n’importe quel couple valide. Ainsi comme aux homos on leur répond en gros gentiment "Aimez-vous si vous voulez mais ne nous demandez pas d’y contribuer". Heureusement pour ce couple, "finalement ça s’est fait tout seul". Et les voilà poursuivant leur petit train-train, regardant peinard grandir leur progéniture, trimballée de-ci de-là, dans le monospace familial spécialement équipé pour leurs petites particularités, heureux et satisfaits d’être enfin libérés de cette inexorable finitude que nous avons tous à porter.
La sélection naturelle veut que les plus forts profitent des meilleures conditions pour survivre et se reproduire, en vue de la pérennisation de l’espèce. Mais l’Homme prétend ne plus être cet animal qui se bat et peut tuer pour un rut à la saison des amours, ce même animal qui regarde mourir sa progéniture et ses congénères d’une méchante fièvre sans essayer d’agir, mais l’être supérieur organisant des téléthons parce que nous ne nous résignons pas à laisser partir ceux qui nous sont proches. Nous sommes ce mammifère supérieurement intelligent qui tergiverse sans toujours légiférer quant à l’euthanasie, ou l’aide, l’assistance aux personnes en fin de vie avec toute la dignité qu’elles ont choisie. Nous sommes ce génie qui fête cette année, les 30 ans d’Amandine ! Mais en réalité nous ne sommes qu’un animal obéissant encore, mais avec beaucoup moins évidences, aux lois de la nature. Et nous sommes un animal qui n’est pas toujours très clair avec les prétentions et la volonté de ne plus en être un.
Être un animal ou ne pas l’être ? Telle est la question. Soigner, assister, être "humain" face à une Nature plus cruelle dans sa sélection, ou la laisser nous envahir pour aboutir parfois à des raisonnements néo-nazis..?
Soit belle et tais-toi.. Pas de bras pas de chocolat... Vivez mais n’existez pas.
Liberté, égalité, fraternité... mais ça dépend des cas !
Progrès pour la gloire, ou pour l’humanité ?
A-t-on tant évolué que ça ? Si la Nature ne décide plus de nos existences, sur quelles bases fondons-nous l’avenir de nos civilisations et comment sera-t-il possible de pérenniser notre espèce déjà bien en danger ? Sur le chemin qui est le nôtre, à un moment donné, ne faudra-t-il pas couper le cordon, pour aller plus loin en faisant les choix qui s’imposeront, ou avec tous les dégâts que nous avons engendrés, faut-il dès maintenant et définitivement revenir en arrière ?
To be or not to be...
Bref le documentaire se termine et une petite réminiscence survient : Un jour on me parla d’une lesbienne tétraplégique qui cherchait une partenaire pour une première expérience sexuelle. Je me souvins alors, au sortir de mes premières "découvertes", du manque et autres conséquences "obsessionnelles" lorsque de partenaire j’avais été privée. Et puis dans ce documentaire, un témoignage d’une femme qui disait que le sexe ne l’intéressait pas plus que ça, qu’elle ne connaissait pas son corps, qu’elle n’était pas éveillée donc que ça ne lui manquait pas malgré 2 expériences.. Que cela pourrait changer si elle rencontrait "le" garçon qui lui ouvrirait les portes…
Or tout le problème est là : la sexualité doit-elle être réduite à la "découverte" du corps dont on ne fait l’expérience qu’une ou deux fois dans sa vie ? Le droit à la vie sexuelle ne doit-il être réservé qu’aux personnes valides et ceux qui ne le sont pas n’y auront pas droit, parce que la Nature est comme ça ? Car s’il est déjà difficile de trouver partenaire et satisfaction lorsqu’on est valide, comment est-il possible de poursuivre son épanouissement lorsqu’on ne l’est pas ?
Alors où, quand, comment est-il possible de rencontrer quelqu’un quand on est tétra et lesbienne ? Branle-bas de combat : organisation logistique pour prendre la direction du Pulp, rampe d’accès et résa, mais surtout un taco pour handi entre minuit et 6 !
Évidemment je ne saurais dire si la jeune-femme a trouvé des réponses à ses questions. Mais sortir un peu, c’est déjà ça, non ?
Que c’est pas facile tout ça...
Certains de nos voisins européens ont créé le métier d’Assistant sexuel, organisent des stages, WE d’éveil aux caresses ou à la "sensualité", encadrés de psy ils parlent de sexualité, de désir et découverte. Seulement en France on a déjà du mal avec la prostitution, donc d’ici à ce qu’on forme des assistants sexuels pour des personnes qui peuvent rencontrer des problèmes de fécondité dont on se fout déjà pas mal, on aura le temps de bouffer plus d’OGM que de viande halal. Alors ne parlons pas du BTS Assistance sexuelle avec option Gay, pour nos congénères handicapés gouines et PD !