Pour débuter cet article, et vu le sous-titre du film "repenser la pornographie", j’ai essayé de trouver une définition de la pornographie. Pour penser : "repenser la pornographie", encore faut-il savoir ce qu’elle est.

Wikipédia reprend la définition du Petit Larousse de 2006 : La pornographie est la « représentation complaisante de sujets, de détails obscènes, dans une œuvre artistique, littéraire ou cinématographique ». La "représentation complaisante" voulant certainement dire une façon agréable, longue, détaillée de représenter quelque chose. Quoi ? Des "détails obscènes". Pour obscène on trouve "qui offense la pudeur par des représentations d’ordre sexuel". Ah, nous y voilà. On est déjà, dans le registre du négatif, du sombre, de l’interdit voire de l’agression (offense). "L’attentat à la pudeur" étant encore de nos jours considéré comme une agression sexuelle, commise avec ou sans violence, et qui implique un acte matériel sur la personne de la victime.

En résumé, la pornographie, telle qu’elle est définie en diagonale sur le net, est une façon dégradante de représenter les organes sexuels et/ou l’acte sexuel.

Effectivement, si on garde en mémoire les 90% des films dits pornographiques qui sortent en DVD dans les magasins spécialisés, on peut tomber d’accord sur cette définition. La plupart de ces films jouant avec les ressorts classiques de l’excitation masculine dite hétérosexuelle : fantasmes de sexes de taille hors-normes ; sexes à plusieurs ; simili viol ; pseudo lesbiennes surprises en flag ; sexe en plein air...etc. La sexualité de chacun étant unique, ces films ont de l’attrait pour une certaine catégorie de la population lesbienne. Celles-ci peuvent s’y retrouver, fantasmatiquement parlant, par un phénomène d’identification inversée. Mais beaucoup se sentent, à juste titre, offensées lorsqu’on prononce le mot "porno", étant donné que pour l’industrie pornographique, les femmes sont réduites à n’être que des objets sexuels sans cervelle.

A mon sens, un film pornographique réussi est un film qui excite le corps, au sens littéral du terme. Après en avoir vu quelques-uns, on sait ce qui nous fait de l’effet et ce qui laisse froide ou fait zapper. Ceci est facilité par le fait que dans la majorité des films la mécanique est toujours la même : rencontre, déshabillage, action, jouissance. Et la technique cinématographique se réduit à un seul mot : gros plans.

Or, à la vue de "Dirty Diaries", on se rend compte que son corps peut réagir à beaucoup plus de stimuli qu’on ne pensait. Les réalisatrices se sont attachées à communiquer le maximum de sensations aux spectateurs, via des jeux avec l’image que ne renieraient pas certains artistes vidéos. L’aspect sonore du film a été complètement investi et pensé. Il y a ici un savant mélange de musique, spécialement créées pour l’occasion, de sons d’ambiance et de silences respirés. Au risque de dévoiler des aspects du film qu’il est bon de découvrir par soi-même, nous ne détaillerons pas ici son contenu. Vous pouvez être assuré de trouver là de quoi vous faire réagir. Si vous êtes adeptes du sexe en public, vous pourrez y aller accompagnée et profiter d’un recoin de la salle obscure pour passer à l’acte. Si vous craignez la présence ou les regards de vos voisins pourquoi ne pas y aller en bande ? Seule, l’expérience est tout aussi instructive. Elle permet de faire un nouvel inventaire des images, sons, couleurs, poses, attitudes, situations qui provoquent une réaction adéquate à l’intérieur de votre être. En somme, un nouvel inventaire lubrique, un programme complet de nouveaux plaisirs, une mine à explorer.

Le film Dirty Diaries passe actuellement en salles.

interdit au moins de 18 ans.

LE SITE mais je vous conseille de ne pas y aller avant d’avoir vu le film...