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DANS TON C..

lundi 14 mars 2011, par Sophie

Bien sûr qu’il ne faut pas hésiter à employer les grands moyens quand on veut sensibiliser la population aux risques de cancer, mais doit-on vraiment en passer par là ?


Vous vous êtes certainement déjà retrouvé devant ce moment décisif. Un moment intense, où on se tourne vers soi-même comme si on pouvait se dédoubler, le moment où on se pose la question : "Vaut-il mieux pour moi savoir la vérité ou rester dans l’ignorance ?"

Les idéalistes vous répondront d’emblée qu’il faut toujours mieux être dans la vérité et que la dissimulation est toujours un mensonge. Mais ont-ils jamais eu à payer le prix exorbitant d’une vérité insoutenable ?

La question se pose systématiquement lorsqu’on commence à avoir une relation sentimentale de longue durée, par exemple. Se dira t-on tout ou taira t-on tout ? Choisira t-on la fidélité ouverte et franche, supposée limpide et tranquille ou la formule "open", avec les variantes trouples et plus si jamais ? Optera t-on plutôt ou alternativement, suivant les humeurs, pour une fidélité de façade et moult adultères secrets ?

Confrontée à une incartade, quelle position choisir ? Céder à une explosion de jalousie ou se raisonner, différer, réfléchir, s’expliquer, négocier ... ? Quels sont les procédés les plus efficaces, les moins douloureux à courts et longs termes pour chacune des parties ?

Un éternité de romans, fables et autres mythes témoignent des difficultés que l’humanité entière rencontre depuis la nuit des temps face à ces questions.

Transposons ces problèmes au registre de la maladie. Face aux risques, nous sommes unanimes. Nous préférons être alertés des dangers que tels comportements ou pratiques peuvent avoir sur notre santé et agir en conséquence. Ainsi, nous acceptons avec plaisir les capotes et gels gratuits. Mais quand on fait une nouvelle rencontre, qui de nous aborde la question du SIDA ouvertement avant de passer à l’acte et/ou utilise une capote pour un cunnilingus super safe ? Pour un effet moins dramatique mais tout aussi incurable, remplacez le mot SIDA par Herpès pour le même résultat.

Face à ces incontournables de la psyché humaine, une équipe de chercheurs en communication [1], a imaginé un dispositif radical. Vous avez peut-être aperçu ces affichettes dans le métro parisien :

Un gros intestin géant, un énorme tunnel gonflable, une maquette de colon magnifié que les Parisiens pourront visiter. "Le public peut pénétrer à l’intérieur de l’organe pour en comprendre le fonctionnement. Cette animation intervient dans le cadre d’une grande campagne de prévention et de communication sur le dépistage, pour inciter les Français à se faire dépister régulièrement. En effet, un diagnostic précoce permet d’augmenter très largement les chances et les conditions de traitement et de guérison".(maxisciences). Effectivement, pourquoi pas ?

Il est probable que les instigateurs du Colon Tour (sic !) avaient en tête le film fantastique qui mettait en scène des hommes miniaturisés partant à la découverte de l’intérieur d’un être humain : Le voyage fantastique.

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Et il est certain qu’un succédané du véritable organe est plus glamour que la réalité crue :

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Hélas, confronté aux photos du dispositif, les questions surgissent.

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Est-on vraiment en train de parler d’une maladie qui compte plus de 37 000 nouveaux cas par an en France ? [2]


Colon tour 2011 infos

Plus d’infos avec notamment, l’extrait du zapping de Canal plus...

Notes

[1] je les invente peut-être, mais je suis certaine de ne pas être très loin de la réalité

[2] "C’est la troisième cause de cancer, après le sein pour la femme (42 000 cas/an) et la prostate pour l’homme (un peu plus de 60 000 cas/an).

C’est le seul cancer que l’on peut prévenir par l’ablation des polypes sur lesquels il se développe, et éviter dans 90% des cas la survenue d’une tumeur.

Parce qu’aujourd’hui le cancer du côlon est la cause de 50 décès par jour, plus de 18 000 décès par an, le dépistage du cancer colorectal est un enjeu de santé publique."(colon tour 2010)