Rassemblement prévu le mardi 15 mars 2011 de 16h à 20h Place Edouard Herriot 75007 Paris. Métro Assemblée Nationale, ligne 12. Non à la réforme sécuritaire de la psychiatrie !
Il est difficile de savoir de quoi parle ce projet de loi lorsqu’on est loin de ces préoccupations. Lorsqu’on n’a pas fait l’expérience de la psychiatrie française, on ne peut imaginer ce qu’elle recouvre, le quotidien des malades, des soignants, des proches, les lieux où elle se pratique, le poids de la maladie lorsqu’on est souffrant...etc. Les gouvernements successifs ont tous joué avec cette ignorance et certains psychiatres ne souhaitent pas non plus que certaines de leurs pratiques soient médiatisées, expliquées, montrées. Face à ce silence imposé, les malades les soignants et proches essayent depuis de nombreuses années de se battre, ensemble, pour faire valoir le droit des malades d’être traités comme des citoyens lambda, et non pas des citoyens de seconde zone dont il faudrait avoir peur. Les lois de 2002 et 2005 ont contribué à faire avancer les choses. Des dispositifs ont été mis en place. Les droits des patients dans les hôpitaux psychiatriques ont ainsi été questionnés et certaines garanties (le droit d’être informé de sa maladie, du traitement par exemple) sont maintenant assurées.
Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir afin que les maladies mentales et/ou psychiques soient considérées par les français comme des maladies comme les autres, qui peuvent tous nous concerner un jour. Beaucoup de dé-stigmatisation à faire, de campagnes à mener pour expliquer à tous que, non, maladie psychique et violence ne vont pas obligatoirement ensembles ; qu’au contraire, les malades psychiques sont ceux qui sont le plus souvent victimes de violence. Il y a, là encore, un grand chantier à mener vers plus d’ouverture, de décloisonnement, d’acceptation de la différence. Malheureusement, nous sommes à l’heure de l’info spectacle où un fait divers monté en mayonnaise fait plus recette qu’un travail au long terme avec toutes les couches de la société, dans toutes les régions de France.
Signez donc la pétition
LE TEXTE DE LA PETITION :
Nouvel appel des 39 Contre la Nuit Sécuritaire
"EXIGEONS le retrait de ce projet loi qui va organiser le retour au "grand renfermement".
Masqué par une appellation toute séduisante : « Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge », il a été adopté au Conseil des Ministres du 26 janvier 2011, et va être débattu au Parlement au printemps.
Trente mille personnes ont signé avec nous l’Appel contre La Nuit Sécuritaire, lancé en réaction au discours du président de la République le 2 décembre 2008 qui assimilait la maladie mentale à une supposée dangerosité. À nouveau, le Collectif des 39* en appelle à l’ensemble des citoyens.
Ce discours promettait un traitement sécuritaire des malades mentaux.
Il a depuis largement pris corps dans la pratique quotidienne : les lieux de soins psychiatriques sont désormais truffés de caméras de surveillance et de chambres d’isolement, des grillages ont été disposés, des protocoles de neutralisation physique des patients ont vu le jour, les préfets empêchent les levées d’internements caducs.
Un projet de loi propose aujourd’hui un cadre juridique à cette dérive sécuritaire.
Adopté le 26 janvier 2011 en Conseil des Ministres, il sera discuté au Parlement le 15 mars après un simulacre de concertation.
- Dans un vocabulaire relevant du code pénal, il cautionne la défiance à l’égard de citoyens souffrants.
- Dans ce dispositif, seul le trouble à l’ordre public est pris en compte.
- Il instaure un changement paradigmatique sans précédent : l’institution des « soins » sans consentement en ambulatoire.
En effet, le projet de loi n’identifie plus seulement l’hospitalisation comme contraignante, mais les soins eux-mêmes,à l’hôpital comme à l’extérieur, avec le risque majeur de la mise en place d’une surveillance sociale planifiée.
Ainsi, pour répondre à l’inquiétude légitime des patients et de leurs familles, ce projet de loi, sous couvert de déstigmatisation, va instituer une logique de dérive sécuritaire induisant un contrôle inédit de la population. Il s’appuie sur un principe de précaution inapproprié.
La mystification est totale :
Il ne s’agit pas d’un projet de soins, mais d’un engrenage portant atteinte aux libertés fondamentales dans un état démocratique.
Prétendant améliorer « l’accès aux soins » et leur « continuité », ce projet propose uniquement un accès à la contrainte sans limite de durée.Il détourne la fonction des soignants vers une orientation de dénonciation, de rétention, de « soins » sous contraintes et de surveillance.
Il impose aux patients d’accepter des « soins » stéréotypés, protocolisés, identiques pour tous. Ils seront sous surveillance, associée à un contrôle de leur dignité : ainsi se met en place une police de l’intime. Il instaure un fichier national, « un casier psychiatrique ? », de toute personne ayant été soumise ne serait-ce qu’une seule fois aux soins sans consentement.
Il institue un mensonge en laissant penser que seuls les médicaments psychotropes administrés sous contrainte suffisent à soigner les patients gravement atteints : enfermés chez eux, malgré eux.
Une partie des citoyens a été désignée à la vindicte médiatique. Le mot schizophrène, jeté à tort et à travers, en bafouant le secret médical, n’est plus un diagnostic mais une menace, qui accable les malades et leurs familles, effraie jusqu’à leur voisinage.
Penser que ce projet de loi va améliorer cette situation est une déraison d’Etat.
Bien plus, il risque de s’opposer frontalement à toute réforme sanitaire digne de ce nom, qui aurait pour principes élémentaires de reposer sur une fonction d’accueil, une logique ouverte et déségrégative, des thérapeutiques diversifiées centrées sur le lien relationnel et la confiance, dans la durée.
Ce projet va à l’encontre d’une politique de soins psychiatriques respectueuse des libertés, offrant une hospitalité pour la folie au cœur du lien social, qui allierait sécurité publique et soins à la personne.
Il institue la défiance envers les professionnels dans une démarche politique analogue à celle appliquée récemment aux magistrats et à la Justice, comme à d’autres professions.
- Nous voulons que les budgets subventionnent des soins et non des aménagements carcéraux, la formation des personnels, des effectifs conséquents, pour une conception humaine de l’accueil de la souffrance.
- Nous rejetons les réponses démagogiques qui amplifient délibérément l’émotion suscitée par des faits-divers dramatiques. Ces réponses ne font qu’accroître et entretenir la peur de l’autre.
- Nous voulons résister, nous opposer, avec une élaboration citoyenne de propositions pour une politique de soins psychiatriques au plus proche des réalités de terrain. La psychiatrie est l’affaire de tous.
Nous soignants, patients, familles, citoyens appelons au retrait immédiat de ce projet de loi."
En savoir plus :
Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire > collectif psychiatrie
Association de patients en psychiatrie > Fnapsy
Association des proches et amis de malades > unafam.org
Association de soignants de malades > croix-marine
Voir "Urgences" de Raymond Depardon > Pub
Extrait :